Post-Mortem: Quelles sont les causes de la mort de Napoléon?


De quoi est mort Napoléon ?


Extraits de l'ouvrage du Dr Paul Ganière : "Sainte-Hélène" paru en 1965.


De quoi est mort Napoléon ?

La question reste posée depuis près de de deux siècles. Elle a déjà fait couler beaucoup d'encre et en fera couler encore, à tel point que l'on peut dire que la dépouille mortelle de l'Empereur peut sans aucun doute être considérée comme le cadavre le plus disséqué de tous les temps.
Les diagnostics rétrospectifs ainsi établis sont aussi divers qu'imprévus.
En voici quelques-uns qui ne méritent d'être cités que pour leur seule extravagance : tuberculose pulmonaire, urinaire ou osseuse, pleurésie, occlusion intestinale, goutte, hémorroïdes infectées, tumeur de l'hypophyse, crises d'épilepsie, syphilis gastrique, paludisme, fièvre de Malte, cholécystite calculeuse... Un élémentaire raisonnement permet d'affirmer que ce sont là des suppositions relevant davantage de la fantaisie que de l'analyse. La plupart trouvèrent cependant de zélés défenseurs, tant est solidement ancré au coeur de quelques hommes le culte du paradoxe et du sensationnel.
Dans un domaine aussi délicat, on aurait aimé s'en tenir là. Il faut bien cependant toucher un mot d'un ouvrage paru en 1962, aux termes duquel on apprenait que Napoléon avait succombé non pas à une maladie, mais à un lent empoisonnement par l'arsenic. La thèse ainsi présentée mettait en cause l'un des compagnons du proscrit, le général de Montholon.
Elle était étayée par une interprétation tout à fait personnelle des faits et tentait de trouver "sa garantie scientifique" dans l'analyse chimique d'un cheveu censé avoir appartenu à Napoléon.
Lorqu'on connaît la fragilité de telles expertises, lorsque l'on constate l'absence, parmi tous les symptômes présentés par le malade, des signes essentiels de l'intoxication arsenicale, à savoir la paralysie douloureuse des membres inférieurs (polynévrite), les plaques de pigmentation noirâtre sur diverses parties du corps (mélanodermie), l'épaississement assez caractéristique de la peau de la paume des mains et de la plante des pieds, on est, bien entendu, amené à regretter profondément qu'un auteur ait pu avancer, avec un accent de sincérité indiscutable, une accusation fondée sur des éléments aussi inconsistants et émettre, à l'égard d'un homme que rien ne permet de considérer comme un criminel, un jugement aussi téméraire.
A la suite de cette première et facile élimination, seules demeurent en présence deux possibilités : une maladie organique de l'estomac (ulcère, cancer ou ulcéro-cancer) ou une hépatite avant tout d'origine amibienne.
La discussion revêt un caractère non seulement d'ordre médical, mais aussi d'ordre politique. En effet, suivant qu'on accorde ses préférences à l'une ou à l'autre de ces hypothèses, la responsabilité de ceux qui condamnèrent l'Empereur à être déporté à Sainte-Hélène peut se trouver indiscutablement engagée. S'il est difficile, sinon impossible, dans le premier cas de mettre expressément en cause les membres du gouvernement de Londres, il est par contre d'une évidente facilité, dans la seconde éventualité, d'imputer la nature et la gravité du mal à la situation géographique de l'île, à son climat, à l'absence totale de protection hygiénique et prophylactique.
Cette mise en accusation des Anglais constitue l'élément passionnel de l'affaire, élément qui, dans une large mesure, n'a pas manqué d'influencer ou de fausser un trop grand nombre d'opinions dont la première qualité aurait dû être l'impartialité.


Les documents auxquels nous pouvons nous référer pour essayer de résoudre le problème sont de plusieurs ordres : rapports adressés par les autorités de Sainte-Hélène et les représentants des puissances alliées à leurs ministres respectifs, description de la dernière maladie de Napoléon telle qu'on peut en reconstituer le déroulement dans les mémoires laissés par les témoins du drame, procès-verbaux de l'autopsie pratiquée au lendemain de la mort de l'Empereur, lettres adressées à la suite de cet événement par ses anciens compagnons d'exil aux membres de leurs familles demeurés en Europe.
En apparence, on dispose donc d'une matière exceptionnellement riche grâce à laquelle on devrait aisément parvenir à connaître la vérité.
Il n'en est rien, hélas !
D'abord, parce que les textes auxquels on se réfère n'ont pas toujours été écrits avec la rigueur désirable, ensuite, parce que les médecins, soit par incompétence, soit par inconscience, soit par un désir de justification, se sont trop souvent perdus dans des considérations sans intérêt, volontairement imprécises, voire même contradictoires, enfin parce qu'il est très délicat de vouloir transposer le passé dans le présent en fonction des inévitables modifications survenues dans les domaines de la pensée et de l'exégèse.
Aussi, avant de formuler un avis qui, en aucun cas, ne saurait être présenté comme une certitude, importe-t-il de peser longuement le pour et le contre, et de ne jamais se départir d'une indispensable prudence.
Les partisans de la maladie organique de l'estomac (la différenciation entre ulcère et cancer ne fut établie qu'en 1830 par Cruveilhier) font état du long passé digestif de l'Empereur, de l'alternance de périodes évolutives et de périodes d'accalmie, de la douleur localisée au creux épigastrique, de l'inappétence, des vomissements fréquents caractérisés dans la phase finale par la présence de sang, de l'amaigrissement, du teint pâle du patient, de ses troubles caractériels. Ils s'appuient d'autre part sur les compte-rendus d'autopsie qui tous s'accordent sur le fait que l'estomac, dont toute la muqueuse était parsemée de bourgeons squirreux, contenait une substance analogue à du marc de café "répandant une odeur infecte", qu'il existait sur sa petite courbure une ulcération "aux bords boursouflés et indurés", et surtout qu'au centre même de cette ulcération se distinguait une perforation "de trois lignes" (7 mm environ) obturée par l'adhérence de la paroi gastrique au lobe gauche du foie.
Tous ces faits se trouvent confirmés par les lettres de Bertrand, Montholon, Marchand rédigées le lendemain même de l'autopsie à laquelle ils assistaient.
A ces arguments, les défenseurs de la thèse de la dysenterie amibienne ne manquent pas de répliquer qu'en 1817 et 1818 les compagnons de l'Empereur et son médecin particulier, O'Meara, n'ont cessé de parler d'hépatite chronique, que ce diagnostic fut confirmé l'année suivante par le docteur Stockoë et que, plus tard, Antommarchi lui-même se rangea à cette opinion.
Quant aux symptômes relevés dans les différents textes, ils peuvent, selon eux, être interprétés de diverses manières.
L'existence, parallèlement à des douleurs gastriques, de troubles intestinaux, l'irradiation de la douleur vers le flanc droit, une coloration jaunâtre des téguments sont autant de signes pouvant faire soupçonner l'existence d'une amibiase ayant entraîné l'apparition de complications hépatiques.
La perforation de la muqueuse gastrique ne serait alors que la trace laissée par l'ouverture d'un abcès hépatique spontanément ouvert dans l'estomac.
Cette seconde hypothèse comporte un certain nombre de faiblesses.
D'abord, rien ne prouve l'existence d'amibiase dans l'île à l'époque de la captivité, ainsi qu'en font foi les constatations faites sur place.
Ensuite, il est impossible de parler avec certitude d'hépatite et d'en déterminer la nature puisque nous n'en connaissons l'existence que par les seuls mémoriaux et rapports provenant de l'entourage même du malade. Enfin, parce que, dans tous les pays situés sous les tropiques, on peut constater de nombreuses manifestations hépatiques sans que les amibes puissent en être rendues responsables.
On en revient ainsi au diagnostic de "maladie organique de l'estomac".
Ulcère ? Cancer ? Cancer secondairement développé sur un ulcère ancien ? La discussion reste ouverte.
Cette dernière possibilité mérite toutefois l'attention.
En effet, trop de symptômes présentés par l'Empereur au cours des derniers mois de son existence plaident en faveur d'un ulcère de l'estomac, du type ulcère calleux, pour qu'il n'en soit pas largement tenu compte.
D'autre part, l'évolution finale et les constatations faites au cours de l'autopsie font inévitablement penser à une dégénerescence secondaire du processus ulcéreux. La conjonction ou plutôt la superposition des deux maladies, peut donc être considérée comme parfaitement possible.
S'il en était ainsi, on ne pourrait donc pas incriminer Sainte-Hélène, son insalubrité et son climat pour expliquer l'origine de la maladie qui devait emporter l'Empereur.
La responsabilité anglaise se trouverait par là même, sinon entièrement dégagée, du moins atténuée.
Par contre, on serait en droit d'assurer que les conditions morales et matérielles de la captivité en auraient incontestablement influencé et accéléré le cours.

Merci à Joker.



Les Espoirs de Napoléon à Sainte-Hélène - Médecin Général R.Brice - BN - Payot, Paris, 1938 - p 267.


On a retrouvé une note officielle, datée de 1817, qui fut rédigée par le médecin principal Baxter, l'ami et confident du gouverneur. Elle dit: « La dysenterie, l'hépatite et les fièvres règnent à Sainte-Hélène… L'hépatite est parfois très insidieuse dans ses attaques. Dans quelques cas que j'ai observés, elle était déjà fort avancée et même des tumeurs s'étaient formées dans le foie avant que le sujet sentit assez son mal pour consulter un médecin. Les exemples ne manquent pas d'amas de pus découverts dans le foie de personnes qu'on ne soupçonnait pas le moins du monde atteintes… Beaucoup de ces cas sont chroniques avec une tendance aux rechutes… Le déversement des humeurs dans les poumons par suite de l'éclatement de l'abcès peut être heureux, mais je ne me rappelle rien de bon lorsqu'elles font irruption dans l'intestin. »
C'est, en résumé, l'histoire clinique de la maladie de Napoléon.



La vraie figure du docteur Antommarchi - Dr Mets - Ed Saint Jacques - Anvers - 1938 - p 22.


Les médecins qui ont été appelés à examiner l’impérial malade ont-ils judicieusement interprété les symptômes qu’ils ont observés ? Ont-ils pour autant que le permettait l’état de la science, il y a cent ans, formulé un diagnostic précis et complet ?

Ils ont reconnu parfaitement les manifestations de la fièvre paludéenne ; ils ont reconnu une affection gastrique.

L’anatomie pathologique venait de naître. Bichat, tout jeune, était mort en lui donnant le jour (1802).

Ils ne connaissaient pas la quinine, ni toutes ses indications que Pelletier venait de découvrir.

En 1836, les Français étaient sur le point d’abandonner l’Algérie nouvellement conquise, tant étaient grands les désastres produits par le paludisme. Un jeune médecin major, Mayot, envoyé de Paris, rétablit la situation en imposant la quinine à toute l’armée.

Les médecins appelés à soigner Napoléon ne connaissaient ni la quinine ni la pathogénie du paludisme, telle qu’elle nous a été révélée par Davaine et Pasteur ; ils ignoraient le rôle néfaste des moustiques et des chèvres dans l’étiologie de la maladie.

Leur prophylaxie par là même était nulle, leur thérapeutique de symptômes vaine, nullement curative.



Autres hypothèses.


Mai 2009: Napoléon serait mort à cause de ses reins.


Dans son livre, "Napoleons nyrer" (Les reins de Napoléon, éditions Hovedland), Arne Soerensen, affirme que l'empereur est décédé de problèmes rénaux et urinaires, ayant souffert de ces maux pendant de nombreuses années.


L'empoisonnement à l'arsenic.


La version officielle dit que Napoléon est mort, comme son père, d’un cancer de l’estomac. Ben Weider dit qu’il est mort empoisonné.
Plusieurs équipes scientifiques se sont penchées sur la question.
Voyez la page consacrée à l'empoisonnement.





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