Chronologie: La Campagne de France; circonstances, généralités et détails.



Vue d'ensemble.



Au début 1814, les Alliés, encouragés par leur victoire à Leipzig et le mouvement de retraite de l'armée française, se rapprochèrent des frontières naturelles de la France.

Les Prussiens de Blücher franchirent la Meuse à la fin janvier, et les Autrichiens de Schwarzenberg avancèrent sur le plateau de Langres. Le danger que ces deux forces se rejoignent pour marcher sur Paris incita Napoléon à prendre lui-même la direction des opérations. Il rejoint ses maréchaux à Châlons le 26 janvier, espérant utiliser les bonnes routes de cette région pour frapper ses adversaires l'un après l'autre.

Napoléon tenta d'abord d'attaquer Blücher à Brienne, où il avait suivi les cours de l'école militaire dans sa jeunesse. Des Cosaques ayant intercepté un ordre crucial, la bataille fut plus équilibrée que Napoléon l'avait espéré. L'infanterie française, composée en majorité de jeunes recrues, se battit étonnamment bien, et s'empara de la citadelle. Blücher recula après une tentative désespérée pour la reprendre.

Napoléon, avec 40 000 hommes, suivit la retraite des Prussiens et redéploya ses forces pour couvrir ses flancs. Dans le même temps, Schwarzenberg rejoignit Blücher à Trannes, au nord-ouest du village de La Rothière, et s'avança à la rencontre de Napoléon avec 50 000 hommes, suivi par des renforts. La bataille de La Rothière eut lieu le 1er février, dans une tempête de neige. Le résultat de la bataille fut longtemps incertain, jusqu'à l'arrivée des Russes de Barclay de Tolly. Napoléon se trouva alors obligé de reculer dans l'obscurité, perdant 6 000 hommes et 50 canons, auxquels il faut ajouter 4 000 déserteurs, avant d'arriver à Troyes.

Au cours des jours suivants, Schwarzenberg s’avança avec sa prudence habituelle, tandis que Blücher se lançait avec confiance vers Paris, affaiblissant ses lignes de communication. Dans un retour de génie éblouissant, Napoléon décida de virer au nord pour attaquer le Prussien, laissant Mortier repousser le timoré Schwarzenberg vers Bar-sur-Aube. Pour cela, Napoléon rassembla un nouveau corps commandé par Oudinot. Les Français disposaient désormais de 70 000 hommes. Sa cavalerie lui signala que Blücher se dirigeait vers Paris en passant par Champaubert et Montmirail. Napoléon détacha d’abord Victor et Oudinot pour observer Schwarzenberg, avant de prendre tous ses ennemis de vitesse, détruisant un corps russe à Champaubert, le 10 février, et en écrasant un autre à Montmirail, où il battit aussi un corps prussien. Avant de se diriger vers le sud pour s’occuper des Autrichiens, Napoléon trouva le temps de punir Blücher à Vauchamps, puis il tomba sur Schwarzenberg, détruisant ses colonnes avancées, le 17 février, et repoussant le corps de Wurtemberg à Montereau, le 18 février.

Ces défaites firent prendre conscience aux chefs coalisés que leurs désaccords sur la stratégie à adopter risquaient de les perdre. Ils décidèrent de reprendre le combat et de ne pas négocier séparément avec Napoléon, lui offrant la paix sur la base des frontières de 1791, ce qu’il rejeta aussitôt. Napoléon se tourna ensuite vers le nord pour franchir l’Aisne et attaquer Blücher sans résultat concluant à Craonne, avant de s’attaquer à trop forte partie à Laon, les 9 et 10 mars ; il laissa 6 000 hommes sur le terrain, une perte difficile à surmonter. Napoléon retrouva en partie le contrôle de la situation en reprenant Reims et capturant ses défenseurs, puis se lança à nouveau sur Schwarzenberg, pour se retrouver face à l’armée ennemie tout entière à Arcis-sur-Aube. Il parvint toutefois à franchir le fleuve et à s’enfuir. Il décida de se diriger sur Saint-Mihiel dans l’espoir de détruire les communications alliées.

La partie était jouée. Les messagers français étaient régulièrement capturés, ce qui permit aux coalisés d’avancer sur Paris. Napoléon, dupé, attaqua le chef russe Winzingerode, le 26 mars, quand il apprit que les Alliés avaient vaincu Mortier et Marmont, à la Fère Champenoise. Mais il était trop tard pour revenir protéger la capitale. Napoléon réunit toutes ses troupes à Fontainebleau, où Ney, porte-parole des officiers généraux, lui apprit que l’armée ne marcherait pas sur Paris. A la nouvelle que Marmont s’était livré, Napoléon voulut abdiquer en faveur de son fils, mais ses ennemis exigeaient une abdication sans condition, que Napoléon signa effectivement le 6 avril.

Le 12 avril, il décida de se donner la mort, et prit le mélange d’opium, de belladone et d’hellébore blanche qu’il transportait dans un sachet autour de son cou depuis qu’il avait échappé de justesse aux Russes, en 1812. L’efficacité du poison avait diminué au fil du temps, et Napoléon guérit rapidement.

Le traité de Fontainebleau, formalisé le 16 avril, permettait à Napoléon de conserver son titre impérial, et lui accordait la souveraineté sur l’île d’Elbe, avec 2 millions de francs par an et une garde de 600 hommes.

Source: NAPOLEON, Richard Holmes, Grund.

Merci à Sébastien




Les Marie-Louise.


L'héroïsme des Marie-Louise - par Fulub.

La désastreuse campagne de Russie et la coûteuse guerre d'Espagne ont fait fondre les effectifs de l'armée. Mais la guerre continue et il faut reconstituer les troupes, lever de nouveaux conscrits. C'est dans ce but que sont votés plusieurs senatus consultes. Celui du 11 janvier 1813 appelle sous les drapeaux 150 000 jeunes gens de la classe 1814. Celui du 7 octobre en convoque 280 000 autres, soit 120 000 sur la classe 1814 et les classes antérieures, et 160 000 appelés par anticipation sur le contingent de 1815.
L'Empereur étant aux armées, les décrets d'appel ont été signés par l'Impératrice qui préside le conseil de régence. C'est pour cette raison que les conscrits appartenant à ces tranches ont été nommés les MARIE-LOUISE. Un surnom sous lequel ils vont se couvrir de gloire.
Les ordres de Napoléon sont rigoureux; aucun soldat ne doit partir en campagne s'il n'est incorporé depuis un mois et s’il n'a été instruit au maniement du fusil. Tout cela est théorique, puisqu'il exige dans le même temps que le contingent levé en France fin février 1813 soit rassemblé en Saxe au mois d'avril. Alors l'instruction se fait sur la route. Tout en marchant, les vieilles moustaches, vétérans de Pologne, de Russie et d'Espagne qui encadrent les jeunes recrues, leur apprennent les rudiments du métier de soldat. Le soir au bivouac, ils les font bénéficier de leur expérience à travers les récits de leurs campagnes.
Bien sûr, tout cela est bien mince. A CHAMPAUBERT, pendant la campagne de France, au maréchal Marmont qui les exhorte à ouvrir le feu contre les grenadiers russes d'Olsouviev, les recrues du 113e de ligne répondent "nous ne savons pas charger nos fusils". A Craonne le général Boyer de Rébeval ne peut pas les déployer parce que les conscrits qui la composent ne connaissent rien à la manœuvre. A Craonne encore le général Drouot montre lui-même en pleine bataille comment on pointe un canon. L'empereur qui à Montereau reproche à Victor sa lenteur, semble ignorer que le 2e corps d'armée que commande le duc de Bellune est presque entièrement formé de jeunes recrues qui n'ont jamais reçu la moindre formation militaire.
Mais cette poignante inexpérience n'empêche pas les jeunes gens de montrer un courage et une détermination extraordinaires. Au 113e de ligne, une compagnie a perdu tous ses gradés, jusqu'aux caporaux. A Marmont, qui demande un officier, une recrue répond,"il n'y a plus personne, mais nous sommes des bons". A Méry-sur-Seine, le 22 février 1814, jour de mardi gras, les conscrits de la brigade GRUYER ont dévalisé un marchand de pacotilles et se battent contre les Russes de Sacken avec des masques de carnaval et des défroques de mascarade. A Champaubert, où les Russes sont finalement mis en déroute, le général Olsoufiev est capturé par une recrue du 16e chasseurs qui refuse absolument de laisser son prisonnier à son colonel et exige de le remettre lui-même à Napoléon.


Extrait des mémoires de Langeron, général de l’infanterie dans l’armée russe. (éd Alphonse Picard et fils - 1902)


Il nous arrêta souvent, nous vainquit quelques fois et nous étonna toujours ; mais ses marches forcées, ses succès sanglants, ses pertes réitérées avaient enfin affaibli son armée. Les excellentes troupes venues d’Espagne étaient presque détruites ; sa cavalerie anéantie ; de malheureux conscrits, des vieillards, des enfants enlevés à leurs villages, conduits enchaînés aux dépôts et, de là, aux armées sans être habillés ni exercés, et quelquefois même sans être armés, ne pouvaient remplacer les vieux soldats qu’il avait perdus.

Merci à Diana



1813-1814 : l'Empire s'effondre malgré le courage des jeunes recrues, appelées les "Marie-Louise" en l'honneur de l'Impératrice.


Les grenadiers tirèrent. Une décharge abattit les Russes qui, au galop, chargeaient le carré. Mais les enfants ne bougèrent pas ; la plupart étaient ceux qui avaient défilé neuf jours auparavant, rue de Rivoli.
"Quoi ! Qu'y a-t-il ? bondit l'Empereur ; tirez donc, mais tirez donc !"
Aucun ne bougea. Les anciens dont on voyait pointer les lourdes moustaches tirèrent une seconde fois. Alors, d'entre les blessés qui tombaient, du fond des fumées que le vent poussait en rouleaux jusqu'au cheval de Napoléon, mille têtes se dressèrent, et le régiment regarda l'Empereur en silence.
Lui frissonna... et en face de ces hommes qui, armés de fusils, ne se défendaient plus :
"Lâches ! Tirez donc ! ... Vous allez être culbutés ; tirez ! tirez ! Messieurs les chefs de bataillon !..."
Courbé sur sa selle, il empoigna un soldat :
"Epaule ! Vois ce tas de blessés... Comment t'appelles-tu ?"
Sans attendre, Napoléon leva le poing. Une décharge de boulets troua le régiment, et deux sections s'abattirent.
"Feu ! Feu ! Feu ! ..." cria l'Empereur.
Autre silence.
Blême et fou, pantelant sous le talon d'une épouvante mystique, Napoléon retrouva son cri d'Iéna :
"Soldats ! Vainqueurs du monde..."
Le régiment le regarda encore... Ce fut le coup d'oeil affolé du limonier sous le brancard, du mouton sous le couteau.
Il prit le fusil d'ntre les mains de l'enfant et répéta :
"Comment t'appelles-tu ?
- Léopold de Manneville, Sire.
- Eh bien, tu seras la honte des femmes ! Aux fuseaux !..." hurla l'Empereur.
Droit sur sa bête, il épaula un Russe, mais le coup ne partit pas. Il lança le fusil avec colère :
"A un autre ! Le tien !"
Un soldat leva le bras. L'Empereur prit l'arme, inspecta la gâchette. Une fureur lui cassait les flancs ; il jeta encore le fusil.
"Un autre ! un autre !"
On lui en tendit plusieurs. Dans le tumulte et le désordre, il les regarda et rugit :
"Pourquoi ces armes ne sont-elles pas ? ..."
A ce moment, quelqu'un tomba entre les pattes de son cheval et eut le temps de souffler :
"Je tirerais bien, mais je ne sais pas..."
D'autres voix crièrent :
"Nous n'avons fait que marcher depuis neuf jours !
- On ne nous a pas fait de théorie !"
Et d'autres voix gémirent, sans doute des morts :
"Nous ne savons pas nous défendre.
- Nous ne savons pas charger nos fusils..."
Aussitôt, sous le coup de l'horreur, la face de César se transforma, ses traits égaux se modifièrent et ses yeux parurent mourir !... Cette épouvantable réponse l'avait scellé au milieu du carré sur les quatre sabots de son cheval, et dans le rauquement des mitrailles, transfiguré par quelque atroce vision, il voulut rester ainsi en plein champ de mort, seul contre les Russes ! Il était la cible du combat, fantomatique, le sang aux jambes et sa tête de terre aux lignes de médaille paraissait dominer encore la trajectoire des bombes.
Il fût demeuré là jusqu'à la fin.
Heureusement, pour sauver les Marie-Louise, Bordesoulle et ses "potirons" venaient au galop, dans un torrent de cuirasses.
Alors, la vie lui revint au coeur ; il sembla se réveiller, ordonna la charge, culbuta les Russes, prit leurs faubourgs, entra dans Vesles aussitôt - et le soir, lorsque les "ruines" du régiment de recrues, dont trois cents étaient morts, défilèrent, soulagés, il eut un soupir, appela trente gamins, trente Marie-Louise au hasard, et les décora.
D'Esparbès, "La Légende de l'Aigle".

Merci à Joker


Rassemblés au chef-lieu de canton, les "Marie-Louise" sont ensuite conduits à marche forcée vers le dépôt du régiment où ils sont affectés. Pendant la campagne de France, certaines unités sont envoyées au feu sans avoir reçu un uniforme complet, beaucoup n'ayant qu'une capote et un shako, certains se battant avec les habits qu'ils portaient en quittant leur foyer. Les seules pièces d'équipement militaire que tous reçoivent sont les deux baudriers croisés sur la poitrine supportant la giberne à cartouches, le sabre court d'infanterie et la baïonnette. Quant aux armes, fabriquées en hâte, le maréchal Marmont dira lui-même "on donne aux conscrits des fusils dont le canon éclate, dont le chien mal assujetti amène constamment des ratés". Certains ne recevront même que des fusils de chasse voire des piques.
Fulub



Conditions climatiques.




Extrait des mémoires de Langeron, général de l’infanterie dans l’armée russe. (éd Alphonse Picard et fils - 1902)


Les éléments semblaient aussi combattre contre Napoléon ; pendant les mois de février et de mars (contre l’ordinaire du climat de la France) le temps fut si froid et la terre si dure, que nous pûmes exécuter tous nos mouvements sans suivre les chaussées ni même les chemins de traverse, et dans les circonstances critiques où nous nous trouvâmes quelquefois, cette possibilité nous fut très utile et nous lui dûmes beaucoup de succès.

Merci à Diana



L'influence de la politique.




Extrait des mémoires de Langeron, général de l’infanterie dans l’armée russe. (éd Alphonse Picard et fils - 1902)


La politique influait aussi beaucoup sur les événements militaires.
Metternich et Schwarzenberg voulaient le jeune Napoléon ; le roi et l’empereur de Russie n’en voulaient pas, mais ne savaient point encore qui mettre à sa place.
Les ministres anglais voulaient d’abord, avant tout, ruiner encore davantage la France.
De tous ces intérêts divers et opposés, il était impossible qu’il ne résultât pas une série de fautes et d’erreurs et, avouons-le franchement, excepté dans les derniers jours, tout le reste de la campagne en offre à chaque pas, à, chaque mouvement, et c’est par la suite non interrompue de ces fautes que Napoléon a pu, avec moins de 80000 hommes, braver pendant trois mois des armées qui en comptaient plus de 300000.

Merci à Diana



La disproportion des forces opposées les unes aux autres est effrayante.



Histoire du Consulat et de l'Empire, Adolphe Thiers, volume XVII, livre LII



On ne savait donc pas jusqu’où la masse des coalisés serait portée sous quelques jours, et s'il était possible qu'on se trouvât 40 ou 50 mille combattants contre 200 mille, et alors comment se défendre ? Les soldats avaient toujours la même confiance en Napoléon, bien qu'il en désertât un certain nombre parmi les jeunes, mais les chefs, qui sur le champ de bataille leur donnaient l'exemple du plus grand dévouement, les chefs ayant assez d'expérience pour découvrir le danger d'une situation presque désespérée, pas assez de génie pour apercevoir les ressources, se livraient hors du feu à un complet découragement.
Ils étaient d'une tristesse profonde qu'ils ne prenaient aucun soin de cacher. Cette tristesse gagnait peu à peu les rangs inférieurs, et l'hiver avec ses souffrances et ses privations n'était pas fait pour la dissiper.
En Franche-Comté, en Alsace, en Lorraine, les habitants avaient montré un esprit excellent et une véritable fraternité envers l'armée. A Troyes et dans les environs, où l'esprit était moins bon, où déjà les charges de guerre s'étaient fait cruellement sentir, où il régnait une extrême irritation contre le gouvernement, l'accueil fait à l'armée était moins cordial, et de fâcheuses rixes entre soldats et paysans ajoutaient d'affligeantes couleurs au tableau qu'on avait sous les yeux.
Napoléon, quoique douloureusement affecté, n'était cependant point abattu. Il découvrait encore bien des ressources là où personne n'en soupçonnait, cherchait à les faire apercevoir aux autres, et montrait non pas de la sérénité ou de la gaieté, ce qui eut été une affectation peu séante en de telles circonstances, mais une ténacité, une résolution indomptables, et désespérantes pour ceux qui auraient voulu le voir plus disposé à se soumettre aux événements. Point troublé, point déconcerté, point amolli surtout, supportant les fatigues, les angoisses avec une force bien supérieure à sa santé, toujours au feu de sa personne, l’œil rassuré, la voix brusque et vibrante, il portait le fardeau de ses fautes avec une vigueur qui les aurait fait pardonner, si les grandes qualités étaient une excuse suffisante des maux qu'on a causés au monde.



Préparatifs, lettres, commandements.




LE MARÉCHAL MORTIER AU MAJOR GÉNÉRAL - (archives de Langres Nº CVIII)


Langres, le 14 janvier 1814.

Monseigneur,

Des paysans sont venus en toute hâte me prévenir que l’ennemi débouchait par la chaussée des Romains sur CHALINDREY : J’ai d’abord présumé que c’était une reconnaissance ; bientôt après, j’acquis la certitude que 2.000 hommes d’infanterie, 12 escadrons et 4 pièces d’artillerie s’étaient formés sur le plateau en avant de CHALINDREY, entre CULMONT et la chaussée romaine. Dès lors je présumai que son intention était d’attaquer les cantonnements des chasseurs à cheval de la garde établis à SAINT-MAURICE, SAINT-VALLIER et CORLÉE, car après mon attaque d’hier matin sur CHÂTENEY-VAUDIN, l’ennemi avait évacué ce village ainsi que LECEY. J’avais placé 200 hommes d’infanterie avec les chasseurs de la garde, ils conservèrent leur position. Nous avons perdu quelques hommes, l’état ne m’en est point encore parvenu. Dans ce moment, une grande ligne de feu se fait apercevoir à la ferme de BREUIL, entre CULMONT et SAINT-VALLIER.
L’ennemi ne nous a montré dans la journée qu’environ 2.000 hommes d’infanterie, 12escadrons et 4 pièces ; j’ignore ce qui se trouve en arrière du bois de VIOLLOT.
L’ennemi paraît mettre une grande importance à LANGRES ; je crois qu’avec des munitions et des vivres, on peut hardiment répondre de cette place. L’empereur peut la considérer comme un point extrêmement important. Demain dans la journée, je saurai à quoi m’en tenir sur ce nouveau mouvement de l’ennemi ; s’il tente une attaque sérieuse, nous lui répondrons. Je désirerais toutefois avoir des troupes pour mettre en première ligne. Depuis 48 heures que nous sommes ici, nous n’avons cessé d’avoir des escarmouches plus ou moins sérieuses : il en est naturellement résulté la perte de plusieurs braves gens, et la vieille garde, infanterie et cavalerie, dont je ne puis assez me louer, forme une réserve si précieuse !
L’ennemi, comme j’ai eu l’honneur d’en rendre compte à sa Majesté, dans mon rapport d’hier, a tenté inutilement de nous débusquer du poste de LONGEAU. J’en avais surtout apprécié l’importance, en apprenant qu’un convoi d’artillerie et de poudre devait arriver ici d’AUXONNE. J’ai la satisfaction d’annoncer à votre Altesse que ce convoi vient d’arriver heureusement ; il est composé de 12 pièces de 4, de 8 à 9 milles livres de poudre en barils, mais malheureusement il n’y a point de boulets.
Avec le plomb et la poudre que j’ai fait acheter hier, j’espère pouvoir faire confectionner 60.000 cartouches ; c’est au-delà de ce que j’espérais. Toute cette nuit sera employée à couler des balles et à faire des mandrins.
Nous commençons à manquer de fourrage. Jusqu’à présent nous avons eu du pain et de la viande, on me fait espérer que ce service sera continué. L’esprit des habitants est généralement bon.
Si l’ennemi s’emparait de BOURBONNE-les-BAINS où déjà plusieurs de ses patrouilles ont paru, il pénétrerait facilement sur CHAUMONT et dans le BASSIGNY. Dès hier matin j’ai détaché 27 chevaux du 3e régiment de chasseurs que j’ai trouvé ici, et 68 douaniers armés à BOURBONNE-les-BAINS ; cette nuit, je ferai partir pour la même destination 100 hommes d’infanterie et 50 chevaux de la garde ; ils ont des instructions pour se retirer sur LANGRES et sur CHAUMONT, dans le cas où ils s’y trouveraient forcés.
J’ai l’honneur….

Merci à Diana



Lettres


29 mars 1814, Berthier écrit à Macdonald. Au pont de Dolancourt, 4 heures du soir.


31 mars 1814, Berthier au duc de Feltre. Fontainebleau.


Correspondance du front.


LES INÉDITS DE NAPOLÉON de Chuquet

De Berthier à Macdonald, 8 et 9 février 1814; de Napoléon à La Bouillerie, à Joseph, à Hulin, à Nansouty en janvier, février 1814; du duc de Feltre à Villemanzy.

Merci à Diana.




Préparatifs de guerre



LES INÉDITS DE NAPOLÉON
Arthur Chuquet
Membre de l'Institut
Tome second
1914 - 1919

Ordre de campagne, Paris, 24 janvier 1814.
Préparatifs de guerre, Brienne, 1r février 1814.

Merci à Diana






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