Napoléon et sa famille.

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Son fils, Roi de Rome - Napoléon II - L'Aiglon.



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Laetizia - Madame Mère.


Georges Blond, les Cent-Jours – p 46


Le 2 août 1814, Mme Laetitia Bonaparte, née Ramolino, dite officiellement Madame Mère, débarque à Porto Ferrajo, « apportant sa majesté vénérable et sévère ». Soixante-quatre ans, décrite comme suit dans le passeport pontifical qui lui a permis de faire le voyage depuis Rome : « Taille petite, cheveux gris mêlés, sourcils châtains, yeux bruns, nez bien fait, bouche petite, menton rond, visage ovale, teint clair, aucun signe particulier. »
Encore un personnage victime dans une certaine mesure d’une phrase demeurée célèbre : « Pourvou qué ça doure. » En réalité, elle n’a cessé d’être intéressante, attachante, depuis son mariage à quatorze ans jusqu’à sa mort à quatre-vingt-sept ans ; elle aurait pu dire comme son fils empereur : « Quel roman que ma vie ! »
En Corse, enceinte de Napoléon, elle a couru le maquis, gravi des montagnes pour suivre son mari Charles dans ses combats. Lui mort (à quarante ans et elle en avait trente-six), elle n’a plus été, jusqu’au triomphe et à l’abaissement, que la Madre – avec prévoyance, avec âpreté et astuce, avec un amour lucide, sans manifestations extérieures.
« Cette femme rare et l’on peut bien dire d’unique en France », a écrit Stendhal.


Letizia, la survivante... Alain Decaux: Letizia - Napoléon et sa mère.

"Vous voyez ma mère pleurant ainsi les malheurs de mon frère - disait, après la mort de Napoléon, Pauline à la duchesse d'Abrantès... Eh bien! cette douleur ne la tuera pas; elle souffrira longtemps et son malheur, à elle, sera plus affreux que celui de l'empereur..."

Les Romains qui passent devant le palais Rinuccini hâtent le pas, malgré eux... Aucun bruit presque n'en sort... Les soirs de fêtes, de carnavals, alors qu'en vertu des ordonnances du Secrétaire d'Etat toutes les maisons, tous les palais s'illuminent, seul celui-là reste dans l'ombre et le noir qu'on devine derrière ses fenêtres serre un peu le coeur un instant, de ceux qui, montés sur les chars, luttent à grands éclats de rire en se lançant des fleurs...
Aux étrangers qui demandent qui habite ce palazzo, on répond que c'est la vieille Signora Bonaparte...
Jamais elle ne sort que pour entendre la messe à Sainte-Marie-du-Portique ou à Saint-Laurent. Jamais elle ne reçoit, hors les membres de sa famille. Les rares privilégiés qui pénètrent auprès d'elle la trouvent dans sa chambre, une vaste pièce carrée tapissée de soieries, assise en un profond fauteuil. A portée de sa main est un rouet, qu'elle abandonne de temps en temps pour regarder, de ses yeux qui déjà n'y voient presque plus, la tour du Capitole qu'on aperçoit au fond de l'horizon...

La noble dame, en son palais de Rome,
Aime à filer, car bien jeune, autrefois,
Elle filait, en allaitant cet homme
Qui depuis l'entoura de reines et de rois.


Ainsi la chante Béranger.
Près de la fenêtre, un petit lit de fer à rideaux blancs, lit de camp de Napoléon durant ses campagnes. Ailleurs, d'autres reliques : une table que l'empereur à Sainte-Hélène avait à son chevet. Le buste aussi, colossal, de Napoléon qui domine toute la pièce.
Mais à la tête du lit, à la place d'honneur, Letizia a fait suspendre le portrait en pied de celui qui, pour elle, est toujours le chef de famille : Charles - son mari, son Carlo... Tout autour, les portraits par David, Gérard, Gros, Girodet, Isabey, les bustes, par Bartolini, Canova, Chaudet, de tous les siens : ses cinq fils et ses trois filles. Les portraits aussi de Joséphine et de ses enfants, Eugène et Hortense... La vieille haine s'est enfuie, depuis longtemps... Hortense a été parfaite, depuis l'exil; c'est chez elle que se donnent rendez-vous les bonapartistes venus en pélérinage. Marie-Louise et son Neipperg ont fait regretter Joséphine dans l'esprit de la Madre...
Sur la cheminée, le buste d'un bel enfant bouclé jette comme un rayon d'avenir parmi tous ces souvenirs du passé : le petit Roi de Rome, Napoléon II, le prisonnier de l'Autriche. C'est les yeux fixés sur ce buste que l'empereur est mort... C'est ce buste qui a été témoin à Sainte-Hélène de l'atroce agonie de Napoléon...Sa mère en a hérité...Souvent elle s'en approche et en tâte les formes de sa main pour se les bien rappeler, puisque ses yeux n'y voient plus...
Dans son "musée de souvenirs", Madame Mère continue de vivre... Comme l'avait prévu Pauline, son malheur ne l'a pas tuée. Elle est là, dans son palais romain, celle que Dieu semble avoir oubliée, la survivante...

Merci à Marlène.


Les visites à Madame Mère:

"En 1830, Letizia fait une chute et se brise le col du fémur. Autour d'elle accourent ses enfants : Louis, Jérôme, Lucie - la femme de Lucien, les deux filles de Joseph - Zénaïde et Charlotte, Caroline...
(Elisa est morte peu de temps avant Napoléon et Pauline est décédée en 1825, après des années de souffrance).
Cette réunion de presque toute la famille émeut soudain le gouvernement autrichien : ne serait-ce pas le début d'un complot bonapartiste? Caroline se voit aussitôt signifier un arrêté d'explusion et doit quitter Rome : il lui sera désormais interdit de venir voir sa mère..."

"Le 2 février 1836, à sept heures du soir, la mère de l'empereur est morte.
Auprès d'elle, il n'y a que deux de ses enfants : Jérôme et Lucien. Joseph n'a pas obtenu l'autorisation de quitter l'Angleterre. Caroline est toujours proscrite de Rome. Louis, malade à Florence, est hors d'état de voyager."

Merci à Marlène.


Napoléon a dit (Lucian Regenbogen - les belles lettres, 2002 - p297)

Tout petit garçon, j’ai été initié à la gêne et aux privations d’une nombreuse famille. Mon père et ma mère ont connu de mauvais jours... huit enfants ! Le ciel est juste… ma mère est une digne femme.
(1814)

Madame mère était trop parcimonieuse ; c’en était ridicule.. c’était excès de prévoyance ; elle avait connu le besoin, et ces terribles moments ne lui sortaient pas de la pensée… mais chez elle le grand l’emportait encore sur le petit : la fierté, la noble ambition marchaient avant l’avarice.
(1816)

Madame mère avait une âme forte et trempée aux plus grands événements.
(1816, devant Las Cases.)


Joseph - roi d'Espagne.


Joseph (roi d'Espagne), chef d'armée: - avril 1809 (Thiers: Histoire du Consulat et de l'Empire, vol 11, p 9-11)

En effet, le roi Joseph, doux et sensé, assez contenu dans ses mœurs, n’avait, ainsi que nous l’avons déjà dit, aucune des qualités du commandement, du bien qu’il ambitionnât fort la gloire des armes, comme un patrimoine de famille. Mais il n’avait ni activité, ni vigueur, ni surtout aucune expérience de la guerre, et, à défaut d’expérience, aucune de ces qualités supérieures d’esprit qui la suppléent. Il avait, comme nous l’avons dit aussi, adopté pour mentor le digne et sage maréchal Jourdan, au jugement duquel il soumettait ses plans militaires, mais le plus souvent sans l’écouter, se décidant, après avoir longtemps flotté entre lui et ses familiers, comme il pouvait, et suivant les impressions du moment. Napoléon, qui avait discerné ses prétentions pendant la dernière campagne, s’en était moqué à Madrid, et s’en moquait encore à Schœnbrunn avec ceux qui allaient en Espagne, ou qui en revenaient. Il n’aimait pas le maréchal Jourdan, il cause de ses opinions passées et même de ses opinions présentes, le soupçonnant il tort d’être l’inspirateur des jugements assez sévères qu’on portait sur lui dans la nouvelle cour d’Espagne. Il voyait dans la tristesse et la froideur de ce grave personnage tout un blâme pour son règne ; et tandis qu’il se raillait de son frère, ne pouvant se railler du maréchal Jourdan qui ne prêtait pas à la moquerie, il le dépréciait ouvertement. Ce maréchal était parmi les officiers de son grade et de son ancienneté le seul sur lequel Napoléon n’eût pas fait descendre l’une des opulentes récompenses qu’il prodiguait à ses serviteurs. Des railleries pour le roi, une aversion visible pour son major général, n’étaient pas un moyen de relever l’un et l’autre aux yeux des généraux qui devaient leur obéir. Comment en effet des maréchaux qui n’étaient habitués à obéir qu’à Napoléon, chez lequel ils reconnaissaient. un génie égal à sa puissance, auraient-ils obéi à un frère qu’il disait lui-même n’être pas militaire, et à un vieux maréchal disgracié, dont il niait les talents ?
(…)
Napoléon, ordinairement si arrêté en toutes choses, n’avait pas su se résoudre à confier le commandement effectif à un frère qu’il n’en jugeait pas capable, et en le lui laissant pour la forme, il l’avait retenu en réalité pour lui-même. Et bien qu’un commandement inspiré par lui semblât devoir être préférable à tout autre, il est vrai de dire que les ordres de Joseph, quoique donnés sans connaissance de la guerre et sans vigueur, partant cependant de plus près, mieux adaptés aux circonstances actuelles de la guerre, auraient amené des résultats meilleurs que les ordres de Napoléon, donnés à une distance de six cents lieues, et ne répondant plus, quand ils arrivaient, à l’état présent des choses. Le mieux eût été que l’Empereur, arrêtant lui-même les plans généraux de campagne qu’il était seul capable de concevoir, laissât à l’état-major de Joseph le soin d’en ordonner souverainement les détails d’exécution. Mais doux, indulgent, paternel, confiant avec le prince Eugène, qu’il trouvait modeste, soumis et reconnaissant, il était sévère, railleur, défiant avec ses frères, qui se montraient vains, indociles et très peu reconnaissants. Il n’avait donc délégué à Joseph qu’une autorité nominale, et avait préparé ainsi sans le vouloir une funeste anarchie militaire dans la Péninsule.


Mémoires de Mademoiselle Avrillion, première femme de chambre de l’Impératrice Joséphine – Mercure de France - p.198


Le prince Joseph ressemblait d’une manière frappante à l’Empereur, mais en beau ; il avait les traits plus fins et une physionomie plus douce, quoique moins expressive.


L'opinion de Napoléon, à Sainte-Hélène (Bertrand, les Cahiers de Sainte Hélène, Tome II, p.227 - Janvier 1819)


"Quand j'étais en Espagne, Joseph voulait que je combine avec lui mes opérations, que je l'appelle à mes conseils. Il croyait avoir des talents militaires"

"Il avait de l'esprit, des lettres, de très bonnes qualités ... mais il n'était pas militaire"

"Joseph dit: "Enfin, je vaux mieux que Masséna, Lannes?"
Napoléon répond: "Vous n'êtes pas digne de dénouer le cordon de leurs souliers. Ce sont des héros. Même ce capitaine qui est à ma porte vous ne le valez pas."

Merci à ACL Lasalle.


Napoléon a dit (Lucian Regenbogen - les belles lettres, 2002 - p.294)

Vos proclamations au peuple de Naples ne sentent pas assez le maitre ; vous ne gagnerez rien en caressant trop.
(1806)

Sa tête s’est perdue, il est devenu tout à fait roi ! La fantaisie de donner des ordres et de travailler ne prenait Joseph qu’une fois par mois… Il se croyait militaire et du talent.
(1808)

Joseph, c’est un fort bon homme. Je ne doute pas qu’il ne fit tout au monde pour moi ; mais toutes ses qualités tiennent uniquement de l’homme privé. Dans les hautes fonctions que je lui avais confiées, il a fait ce qu’il a pu, mais dans les circonstances bien grandes la tâche s’est trouvée peu proportionnée avec ses forces.
(1816)


Moment de vie: Menu franc maçon sous Joseph Bonaparte





Lucien - prince de Canino.


D'après le Dictionnaire du consulat et de l'empire


Il joue un grand rôle dans le coup d'état du 18 Brumaire. Il est ministre de l'intérieur du 25 décembre 1799 au 6 novembre 1800. Il est ensuite ambassadeur à Madrid.
Veuf depuis 1800, il se marie en 1803 avec Alexandrine, veuve elle aussi. Napoléon qui avait prévu une autre union n'accepte pas cette indépendance et le conflit éclate entre les deux frères.
Durant les Cent-Jours il offre son soutien à Napoléon et après Waterloo il tente en vain de sauvegarder les droits du Roi de Rome.
Il meurt d'un cancer de l'estomac le 29 juin 1840.


Napoléon a dit (Lucian Regenbogen - les belles lettres, 2002 - p300)

Je joins à quelque esprit une très mauvaise tête.
(1800)

Beaucoup d’esprit, des connaissances, et beaucoup de caractère… ornement de toute assemblée politique.
(1818)


Elisa - princesse de Lucques et de Piombino, grande-duchesse de Toscane.


D'après Napoléon intime, p 246


L'Empereur donna à Elisa, en 1804, la principauté souveraine de Piombino, bientôt renforcée de celle de Lucques. Enfin, comme l'ambition de sa sœur n'était pas encore satisfaite, il lui accorda, en 1808, le grand-duché de Toscane.
Si l'on en juge par la correspondance de Napoléon, celui-ci semble avoir pris à tâche d'éviter toute discussion avec Elisa, dont l'humeur « désagréablement pointue » était peu accommodante. La gestion de ces duchés, allant plus ou moins mal, ne pouvait avoir grande conséquence sur le sort de l'empire, Napoléon la laissa donc libre de se livrer aux extravagances de son caractère altier, "recherchant le faste, l'appareil militaire, se modelant par imitation sur les habitudes de son frère ». Il ferma les yeux sur ses intrigues galantes, dont quelques-unes ont fait grand bruit.


Mémoires de Mademoiselle Avrillion, première femme de chambre de l’Impératrice Joséphine – Mercure de France - p.197


La princesse Elisa, l’aînée des demoiselles Bonaparte, était née immédiatement après l’Empereur et avant le prince Lucien. Elle avait épousé, lors des Premières campagnes d’Italie, M. Bacciochi, bon, excellent homme, mais très insignifiant. Presque inaperçu chez lui, il s’était fait l’habitude de trouver bien tout ce que faisait sa femme. La princesse était d’une ressemblance frappante avec son frère Lucien ; elle n’était ni jolie ni laide ; elle avait la peau très blanche, et une assez belle taille, quoiqu’elle fût beaucoup trop maigre. Si la nature avait été moins prodigue envers elle qu’envers ses sœurs de charmes extérieurs, elle l’avait favorisée sous le rapport de l’esprit; elle en avait beaucoup et était fort aimable; on peut dire même qu’elle avait une excellente tête et qu’elle était plus homme que beaucoup d’hommes. Elle avait la réputation d’être fort galante, et plusieurs de ses intrigues ont fait trop de bruit pour qu’il y ait même de la calomnie à les rappeler ; après tout, son mari s’accommodait de tout cela ; il souffrait sans se plaindre, ou plutôt il cherchait des consolations de son côté.


Napoléon a dit (Lucian Regenbogen - les belles lettres, 2002 - p.292)

Maitresse femme, elle avait de nobles qualités, un esprit recommandable et une activité prodigieuse, connaissant les affaires de son cabinet aussi bien qu’eût pu le faire le plus habile diplomate. Il n’y a pas du d’intimité entre nous, nos caractères s’y apposaient.
(Sainte-Hélène, 1820, à Montholon.)



Louis - roi de Hollande.


D'après Napoléon intime, p 230 – 234


Napoléon fit de Louis son aide de camp pendant les campagnes d'Italie et d'Egypte.
En 1802, le Premier Consul le maria avec sa belle-fille, Hortense de Beauharnais.
En 1804, Louis est nommé général, puis placé au Conseil d'Etat, afin d'y parfaire son instruction dans toutes les branches de l'administration.
L'année suivante, il est gouverneur de Paris.
Enfin, En 1806, l'Empereur lui donne la royauté de la Hollande.
(…)
Plaintes et demandes d'argent, les accrochages se suivent alors.

En toutes choses, l'esprit de Louis est hanté par l'idée d'agir en souverain puissant et de haute lignée. Tout ce qu'on fait à Paris, il veut l'imiter à Amsterdam, au point que Napoléon est obligé de lui écrire: « Mes institutions ne sont point faites pour être tournées en ridicule. »
(…)

Le grief capital de Napoléon contre Louis est que le nouveau roi entendait conserver à la politique hollandaise une indépendance absolue vis-à-vis de la France. Peu importait au nouveau roi que ses actes fussent ou non compromettants pour la réussite des plans de l'Empereur. Louis se considérait comme Hollandais, et le bien de la France ne le préoccupait guère. : "Etes-vous l'allié de la France ou de l'Angleterre? Je l'ignore", s'écrie Napoléon, qui en arrivera un jour à dire à Louis: « Votre Majesté trouvera en moi un frère, si je trouve en elle un Français; mais si elle oublie les sentiments qui l'attachent à la commune patrie, elle ne pourra trouver mauvais que j'oublie ceux que la nature a placés entre nous. »

Arrivés à ce degré de tension, les rapports entre les deux frères ne pouvaient manquer de se terminer par un éclat et Louis finit par quitter son royaume et s'enfuir en Bohême, le 2 juillet 1810.
Une semaine plus tard, la Hollande est incorporée à l'Empire.

Vivant dans une retraite misanthropique, Louis se consacre désormais aux lettres et à un essai historique de justification de son gouvernement.


Napoléon a dit (Lucian Regenbogen - les belles lettres, 2002 - p298-300)

Un prince qui la première année de son règne, passe pour être si bon est un prince dont on se moque la seconde. L’amour qu’inspirent les rois doit être un amour mâle, mêlé d’une respectueuse crainte et d’une grande opinion d’estime. Quand on dit d’un roi que c’est un bon homme, c’est un règne manqué.
(1807)

Votre Majesté trouvera en moi un frère si je trouve en elle un Français ; mais si elle oublie les sentiments qui l’attachent à la commune partie, elle pourra trouver mauvais que j’oublie ce que la nature a placé entre nous.
(1810)

Il a de l’esprit et n’est point méchant, mais avec ces qualités un homme peut faire des sottises et causer bien du mal. Dès son arrivée en Hollande, il n’imaginait rien de plus beau comme de faire dire qu’il n’était qu’un bon Hollandais.
(1816)

Jamais homme ne s’égara plus complètement avec de bonnes intentions ; jamais l’honnêteté sans intelligence ne fit plus de mal. Défenseur des intérêts matériels, Louis laissa par son départ un prétexte à bien des mécontentements, et sa révolte de 1810 servit en 1814 d’exemple et d’excuse aux passions égoïstes.
(1817 devant Gourgaud, à Sainte-Hélène.)



Pauline - Princesse Borghèse.





"Après la figure revêche et orgueilleuse d’Élisa, après ce caractère de femme se plaisant à parader militairement, après ce tempérament ambitieux, égoïste, ingrat, vient se présenter la pâle et languissante figure de Pauline Bonaparte, femme jusqu’au bout de ses petits ongles roses, la plus belle parmi les belles femmes de son temps, jalouse uniquement de conserver le titre de « reine des colifichets », que lui ont valu son élégance et sa coquetterie.

« La séduction des attraits de Pauline Bonaparte a été décrite en termes dithyrambiques par la première femme de chambre de l’Impératrice : Il était impossible, en effet, dit-elle, de voir quelque chose de plus séduisant que le princesse ; elle était tout à la fois belle et jolie, et il faut nécessairement aller chercher la Vénus de Médicis pour trouver un terme de comparaison à la perfection de sa taille et à l’élégance de toutes les parties apparentes de son corps. On aurait vainement cherché une imperfection physique dans la princesse Borghèse ; la grâce indéfinissable qui mettait en mouvement les parties de ce joli corps était supérieure même à leur beauté, et son teint blanc uni était éblouissant… »

…Infatuée d’elle-même, sensible à tous les hommages, incapable d’aucune retenue dans ses fantaisies les plus inconsidérées, telle était celle que, dès son enfance, on appelait la jolie Paulette.

…Cette union (avec Borghèse) semblait faite pour flatter les goûts de Pauline. Borghèse était un très beau garçon, qui lui apportait une grande fortune, des diamants qui éclipsaient tous ceux de Paris, et enfin le titre de princesse, inconnu pour cause, jusqu’alors, dans la famille du Premier Consul. Ce ne fut pas pour Pauline une mince gloriole de s’entendre appeler princesse, alors qu’on annonçait sa belle-sœur Joséphine, sous le nom de madame Bonaparte ; Mais Pauline était plus fière encore peut-être d’avoir de plus beaux diamants que la femme du Premier Consul. Après le mariage, la nouvelle princesse partit pour Rome avec son époux.

Si, depuis ce moment, Napoléon est sorti de son rôle de frère, c’est pour tenir celui de père, témoin la lettre suivante :

« « Madame et chère sœur, j’ai appris avec peine que vous n’aviez pas le bon esprit de vous conformer aux mœurs et aux habitudes de la ville de Rome ; que vous montriez du mépris aux habitants, et que vous aviez sans cesse les yeux sur Paris. Quoique occupé de grandes affaires, j’ai cependant voulu vous faire connaître mes intentions, espérant que vous vous y conformerez.
« « Aimez votre mari et votre famille, soyez prévenante, accommodez-vous des mœurs de la ville de Rome, et mettez-vous bien dans la tête que si, à l’âge que vous avez, vous vous laissez aller à de mauvais conseils, vous ne pouvez plus compter sur moi.
« « Quant à Paris, vous pouvez être certaine que vous n’y trouverez aucun appui, et que jamais je ne vous y recevrai qu’avec votre mari. Si vous vous brouillez avec lui, la faute serait à vous, et alors la France vous serait interdite. Vous perdriez votre bonheur et mon amitié.

"Cette lettre fut remise à Pauline par le cardinal Fesch qui avait reçu par le même courrier des instructions spéciales ainsi conçues.

« « Monsieur le cardinal Fesch, je vous envoie une lettre pour madame Paulette…Il est fâcheux pour moi de penser que madame Borghèse ne sente pas l’importance dont il est, pour son bonheur, de s’accoutumer aux mœurs de Rome et de se faire, de l’estime de cette grande ville, une récompense qui doit être douce à un cœur aussi bien né que le sien. Toutefois, je lui fais connaître mes intentions d’une manière très simple et très précise ; j’espère qu’elle s’y conformera ; et l’arrivée de sa mère, d’ailleurs, lui donnera un conseil naturel qui lui sera profitable. Dites-lui donc de ma part que déjà elle n’est plus belle, qu’elle le sera beaucoup moins dans quelques années, et que toute sa vie, elle doit être bonne et estimée….Elle devait se faire une étude de plaire à la famille de son mari et à tous les grands de Rome, et établir un ton de société digne du rang qu’elle occupe, et non de ces mauvaises manières que le bon ton réprime, même dans les sociétés les plus légères de la capitale. »

.......

"Enfin, on est allé jusqu’à trouver étrange que Pauline, aux jours néfastes, ait mis à la disposition de son frère une partie de sa grande fortune, qu’elle lui ait donné ses diamants pour servir de suprême ressource à la veille de la campagne décisive qui devait aboutir au désastre de Waterloo. Pour juger insolite et risquée, en cette circonstance, la conduite de Pauline envers Napoléon, il faut vraiment croire l’âme humaine incapable d’un peu de grandeur. Il n’est cependant pas rare de rencontrer de nobles qualités de cœur chez les femmes coquettes, fantasques, capricieuses et légères même de mœurs, comme l’était la princesse Borghèse.
En un mot, près de son frère éprouvé par le malheur, Pauline, émue, frappée d’une si grande infortune, se montra ce qu’elle était réellement : une bonne et charmante fille.

Extrait de l'ouvrage de Arthur-Lévy
Napoléon Intime
LES DISSENTIMENTS de la FAMILLE IMPÉRIALE

Nouvelle collection historique
CALMANN-LÉVY, Éditeurs 1932


Merci à Diana.


Mémoires de Mademoiselle Avrillion, première femme de chambre de l’Impératrice Joséphine – Mercure de France - p.200


La princesse Pauline, la plus jolie des sœurs de ‘Empereur, et l’une des plus jolies femmes de son temps, avait épousé en premières noces le général Leclerc, mort dans l’expédition de Saint–Domingue, où sa femme l’avait accompagné. Elle avait eu un enfant de ce mariage ; c’était un garçon, qui était mort à Rome dans les bras de sa mère ; elle eut le stoïque courage de l’ensevelir elle-même. Pendant on veuvage, la princesse Pauline fut citée pour la légèreté de sa conduite : elle eut au grand jour plusieurs liaisons, dont quelques-unes étaient de nature à la compromettre ; une, entre autres, avec un homme que l’exercice d’un art brillant plaçait chaque jour en vue du public. L’Empereur, qui en fut informé, fit tout au monde pour faire cesser ce scandale, qui l’affligeait beaucoup ; mais il n’y parvint qu’en faisant contracter à sa sœur un second mariage avec Camille Borghèse, prince romain, arrière-neveu du pape Paul V, fort joli homme et extrêmement riche. (…)
Dans les premiers temps de cette union, le prince était fort amoureux de sa femme ; et on l’aurait été à moins. Il était impossible en effet de voir quelque chose de plus séduisant que la princesse ; elle était tout à la fois belle et jolie, et il faut aller chercher la Vénus de Médicis pour trouver un terme de comparaison à la perfection de sa taille et à l’élégance de forme de toutes les parties apparentes de son corps. On aurait vainement cherché une imperfection physique dans la princesse Borghèse: la grâce indéfinissable qui mettait en mouvement toutes les parties de ce joli corps était supérieure même à leur beauté, et son teint, d’un blanc uni, était éblouissant.
Aucun enfant ne naquit de son second mariage. Le prince, qui l’avait aimée plutôt comme une maîtresse que comme une femme, ne tarda pas à s’apercevoir que, dans sa propre maison, il avait des rivaux également favorisés, et il la négligea bientôt comme on néglige une maîtresse coquette et d’un esprit fort ordinaire dont on a obtenu les dernières faveurs. On disait que, sans la crainte de l’Empereur, une séparation aurait eu lieu entre eux ; mais Sa Majesté n’aurait jamais autorisé un pareil éclat dans sa famille. La séparation n’eut pas lieu en droit, mais seulement de fait, quoique, pour sauver les apparences, l’Empereur eût exigé un rapprochement ostensible entre le prince et sa femme.


Napoléon a dit (Lucian Regenbogen - les belles lettres, 2002 - p.301)

Aimez votre mari et votre famille, soyez prévenante, accommodez-vous à des mœurs de la ville de Rome et mettez-vous bien dans la tête que si, à l’âge que vous avez, vous vous laissez aller à de mauvais conseils, vous ne pourrez plus compter sur moi.
(1806)

On retient bien plus longtemps les hommes par l’espoir qu’on leur donne que par les avances qu’on leur fait.
(1816, devant Las Cases)

Pauline était trop prodigue ; elle avait trop d’abandon. Elle aurait dû être immensément riche par tout ce que je lui ai donné ; mais elle donnait tout à son tour, et sa mère la sermonnait souvent à cet égard, lui prédisant qu’elle pourrait mourir à l’hôpital.
(1816, à Las Cases)



Caroline - Reine des Deux-Siciles.




D'après Napoléon intime, p 253 - 264


On a peine à en croire ses yeux, lorsqu'on lit que Murat, roi de Naples, époux de Caroline Bonaparte, comblé lui-même des faveurs impériales, fut le premier à trahir la cause de l'Empereur. On croit encore bien plus être le jouet d'une absurde hallucination, quand on constate que Caroline, la plus jeune sœur de Napoléon, fut, sinon l'inspiratrice, du moins la complice parfaitement consciente de cette insigne forfaiture.
(…)
Dès qu'elle fut mariée, Caroline, poussée par une ambition sans mesure, se mit à soigner activement les intérêts de son mari. Elle accablait de ses sollicitations son frère qui disait d'elle: « … Avec Mme Murat, il faut que je me mette toujours en bataille rangée… » Ses résistances, selon l'habitude de Napoléon, n'étaient que pour la forme, témoin l'immense et rapide fortune de Murat nommé successivement: général en chef, gouverneur de Paris, maréchal de France, prince et grand amiral, grand-duc de Berg et de Clèves, et enfin, en 1808, roi de Naples.
Pourvus des plus hautes dignités, les deux époux donnèrent carrière, chacun dans son genre, à leurs tempéraments vaniteux.
Très fier de sa belle prestance, Murat mettait un suprême orgueil à se revêtir des costumes les plus éclatants. (…)
Cet accoutrement théâtral, qui faisait de Murat une sorte de flamboyant tambour-major à cheval, semble avoir été l'objet de ses plus chères préoccupations.

Si, dans son ménage, Murat semble avoir monopolisé les goûts féminins, par contre, Caroline s'était approprié les droits qui d'ordinaire sont l'apanage du sexe fort: « Elle portait, a dit Talleyrand, une tête de Cromwell sur les épaules d'une jolie femme. » Mise en appétit par les premiers honneurs princiers, Caroline, alors grande-duchesse de Berg, après s'être dit qu'elle pouvait être reine aussi bien qu'une autre, se demanda pourquoi elle ne serait pas impératrice.
La présence constante de l'Empereur au milieu des batailles rendait possible la vacance subite du trône de France. Caroline arrêta sa pensée devant cette hypothèse, et envisagea froidement ce qui se passerait le jour où surviendrait la mort accidentelle de Napoléon. (…)
Les calculs de Caroline étaient encore plus profonds. Se préoccupant du rôle des puissances étrangères à l'heure où son plan serait réalisable, elle était pleine d'attentions pour le corps diplomatique. Si l'on s'en rapporte aux dires de Fouché, confirmés par Mlle Avrillon, elle ne se montra pas insensible aux hommages du prince de Metternich. Et sur ce point, Mme de Rémusat ajoute: "Metternich obtint des succès auprès des femmes… Il parut s'attacher à Mme Murat, et il lui a conservé un sentiment qui a maintenu longtemps son époux sur le trône de Naples. »
(…)
Napoléon avait réussi à avoir quelque tranquillité de ce côté. Caroline, à la tête d'un royaume, agréablement adulée par des courtisans à l'échine élastique; Murat, déguisé en roi de théâtre, cavalcadant aux côtés de l'Empereur, dont le visage disparaissait sous les panaches de son extravagant beau-frère: les deux époux étaient en possession du bonheur parfait.
Leur bonheur était tel, que l'idée seule d'en être privés les rendit coupables de la plus cynique trahison que l'histoire ait enregistrée.
(…)
En 1812, semblables à des naufragés perdus sur un désert de glace, se traînant sous les rafales de neige, misérablement vêtus, gelés, affamés, épuisés, les soldats français revenaient de Moscou. (…)
Ayant appris les graves incidents de la conspiration Malet, Napoléon avait hâte de rentrer à Paris. (…) Le 5 décembre 1812, à Smorghoni, il remit à Murat le commandement des glorieux débris de la Grande-Arnée, poursuivis, harcelés par les Russes. (…)
Peu de temps après avoir accepté cette mission de confiance, le 16 janvier 1813, sans autre motif apparent que son bon plaisir, Murat résignait son commandement et partait pour Naples. (…) Les motifs de ce départ n'existaient pas en Pologne, où s'effectuait la retraite, mais ils existaient à Naples, où la présence du Roi était réclamée, où il s'agissait, par des compromissions avec les ennemis de la France, de sauver la couronne de Naples au milieu de l'effondrement de l'Empire.
(…)
Murat reçut son châtiment des mains de ceux à qui à qui il s'était allié pour trahir sa patrie et son bienfaiteur. Détrôné par la coalition le 19 mai 1815, il fut fusillé à Pizzo dans les Calabres, le 13 octobre de la même année, le jour où, pygmée parodiant le géant de l'île d'Elbe, il essaya de conquérir son trône en débarquant à l'improviste sur les côtes napolitaines.

Suite au ralliement de Murat à Napoléon pendant les 100 jours, Caroline demande protection aux Anglais. Ils la conduisent à Trieste pendant que Murat se fait fusiller en Calabre. Elle séjourne en Autriche et en Italie, menant grand train jusqu'à ce qu'un ulcère à l'estomac l'emporte.


Mémoires de Mademoiselle Avrillion, première femme de chambre de l’Impératrice Joséphine – Mercure de France - p.205


La princesse Caroline, la plus jeune des sœurs de L’Empereur et la seule dont l’ambition de régner ait été satisfaite, était venue bien jeune en France, où elle passa quelque temps dans la maison de madame Campan, pour y perfectionner son éducation. On sait que, dans la première année du Consulat, le Premier Consul, habitant encore le Luxembourg, la maria avec le général Murat, qui depuis fut grand-duc de Berg et ensuite roi de Naples. (…)
Lorsque je vis pour la première fois madame Murat, ce fut un jour qu’elle vint faire une visite à mademoiselle de Tascher. Je fus surtout frappée de l’éblouissante blancheur de sa peau : elle avait une fort belle tête, était d’une extrême fraîcheur, d’une taille peu élevée, mais elle ne tarda pas à prendre un peu trop d’embonpoint ; l’habit de Cour l’écrasait, aussi était-elle beaucoup mieux en négligé qu’en toilette d’apparat. C’était d’ailleurs une personne d’infiniment d’esprit et en même temps d’une extrême ambition. Dans son désir de régner, elle ne cessait de solliciter l’Empereur pour qu’il donnât une couronne son mari : mais malgré toute l’amitié, je pourrais dire la préférence que l’Empereur avait pour sa plus jeune sœur, il résista longtemps. Cependant les événements ayant mis à sa disposition la Couronne d’Espagne, les sollicitations de madame Murat recommencèrent avec plus d’assiduité encore qu’auparavant, mais il n’y accéda pas voulant que ce fût un de ses frères qui montât sur le trône d’Espagne.


Napoléon a dit (Lucian Regenbogen - les belles lettres, 291)

Avec elle, il faut que je me mette toujours en bataille rangée ; pour faire entendre mes vues à une petite femme de ma famille, il faudrait que je lui fasse des discours aussi longs qu’au Sénat et au Conseil d’Etat.
(1804)

Dans sa petite enfance, on la regardait comme la sotte et la cendrillon de la famille ; mais elle en a bien rappelé ; elle a été une très belle femme et elle est devenue très capable.
La reine de Naples s’était beaucoup formée dans les événements. Il y avait chez elle de l’étoffe, beaucoup de caractère et une ambition désordonnée.
(Sainte-Hélène, 1817 à Las Cases)




Murat militaire.


Jérôme - roi de Westphalie.




D'après Napoléon intime, Arthur-Lévy, p 235



Seul parmi les quatre frères de Napoléon, Jérôme, le plus Jeune, ne se mit jamais en opposition déclarée avec l'Empereur. Indocile, il le fut; des embarras, il en causa autant et plus que les autres; mais ce qui le distingue de ses aînés, c'est qu'à chaque faute, il réitérait les assurances d'une entière soumission, sans plus se lasser de désobéir que de protester de ses bonnes intentions.
Cette déférence relative est explicable par ce fait que Jérôme, moins âgé de quinze ans, ne connut Napoléon que sous l'aspect du chef arrivé aux plus hautes fonctions. Cette suprématie, entrevue dès l'enfance, frappa son imagination et lui imposa un respect durable que n'eurent jamais ni Joseph, ni Lucien, ni Louis, acteurs et compagnons des luttes.
Son ignorance des temps difficiles autorisait presque Jérôme à se croire issu d'une famille patricienne et opulente d'origine, et rendait, pour ainsi dire, acceptables chez lui ses défauts caractéristiques. Goûts immodérés pour le luxe, désordres pécuniaires poussés jusqu'au gaspillage, légèreté de mœurs renouvelée des cours du dix-huitième siècle, telles furent les causes des intarissables remontrances de l'Empereur, qui, malgré son mécontentement, améliorait sans cesse la position de son frère et crut à peine avoir assez fait le jour où il créa le royaume de Westphalie pour le donner à Jérôme.


Jérôme (roi de Westphalie), chef d'armée: Extrait de Napoléon intime: "LES DISSENTIMENTS de la FAMILLE IMPÉRIALE - Arthur-Lévy - Nouvelle Collection Historique - CALMANN-LEVY, Éditeurs Paris - 1932

« Quand on parle de l’Empereur, il convient de ne pas oublier que, dès son accession au pouvoir, il a tenu pour axiome que tous les actes d’un gouvernement viennent aboutir inéluctablement à ces deux termes : armée et finances ; et que, de leur stricte administration, dépend la prospérité, l’existence même du pays.
Sur ces deux points, l’intransigeance de l’Empereur étant absolue, allait-il l’édulcorer et peser ses mots pour critiquer les erreurs et les folies de son plus jeune frère ?
Voici des extraits de philippiques impériales reçues par Jérôme au cours des campagnes, où il exerça un commandement.»

«J’ai vu de vous un ordre du jour qui vous rend la risée de l’Allemagne, de l’Autriche et de la France. N’avez-vous donc autour de vous aucun ami qui vous dise quelques vérités ? Vous êtes roi et frère de l’Empereur ; qualités ridicules à la guerre. Il faut être soldat, et puis soldat, et encore soldat ; il ne faut avoir ni ministres, ni corps diplomatique, ni pompe ; il faut bivouaquer à son avant-garde, être nuit et jour à cheval ; ou bien rester dans son sérail…
Vous faites la guerre comme un satrape. Est-ce de moi, bon Dieu ! Que vous avez appris cela ? De moi qui, avec une armée de 200.000 hommes, suis à la tête de mes tirailleurs, ne permettant pas même à Chapagny (ministre des Relations extérieures) de me suivre…
Vous avez beaucoup de prétentions, quelque esprit, quelques bonnes qualités mais gâtées par la fatuité, et une extrême présomption, et vous n’avez aucune connaissance des choses…
Faites la guerre comme un jeune soldat qui a besoin de gloire et de réputation, et tâchez de mériter le rang où vous êtes arrivé…Il n’y a à la guerre ni frère de l’Empereur, ni Roi, mais un général qui commande une armée…Vous vous êtes parfaitement mal conduit dans cette campagne (1809). Vous avez constamment été où l’ennemi n’était pas…. Votre marche sur la Baltique ne peut en imposer qu’aux sots ; elle était pour cacher votre retour à Cassel, et votre honteux abandon de la Saxe…. Je suis fâché pour vous que vous montriez dans la guerre aussi peu de talent et même de bon sens. – Il y a loin du métier de soldat au métier de satrape (sic) le mot satrape est barré dans le texte et remplacé par...courtisan. – J’avais à peine votre âge que j’avais conquis toute l’Italie…Mais je n’avais pas de flatteurs, ni de corps diplomatique à ma suite… Je ne me prétendais ni frère de l’Empereur, ni Roi. Je faisais tout ce qu’il fallait pour battre l’ennemi…Quant à l’avenir, je ne veux pas vous déshonorer, mais je ne veux pas non plus, par de sottes condescendances de famille, exposer la gloire de mes armes….
Si donc vous voulez continuer comme vous avez commencé, vous pouvez rester dans votre sérail. Sachez bien que soldat, je n’ai point de frère, et que vous ne me cacherez pas les vrais motifs de votre conduite sous des prétextes frivoles et ridicules…
Si vous continuez à conserver le commandement de vos troupes, supprimez votre train et votre Cour et faites la guerre comme doit la faire un homme de mon nom. » »
"- Si vous aviez eu la première notion du métier, vous auriez été, le 3, au même lieu où vous étiez le 6, et bien des évènements, résultats des calculs que j’avais faits, m’auraient fait faire une belle campagne. Mais vous ne savez rien, et non seulement vous ne consultez personne, mais vous vous laissez guider par de petits motifs. Agissez vigoureusement et ne rougissez pas de consulter sur ce que vous ne savez pas…"

Merci à Diana.


Napoléon a dit (Lucian Regenbogen - les belles lettres, 2002 - p.293)

Il a de l’esprit, du caractère, de la décision et assez de connaissances générales pour pouvoir se servir du talent des autres.
(1805)

La guerre ne s’apprend pas qu’en allant au feu. Vous moquez-vous de moi ? Quand vous aurez fait six campagnes et que vous aurez six chevaux tués sous vous, je verrai.
(1808)

Vous êtes roi et frère de l’Empereur, qualités ridicules à la guerre ! Il faut être soldat et puis soldat et encore soldat. Il faut bivouaquer avec son avant-garde pour avoir des nouvelles ou bien rester dans son sérail.
(1809)

Vous faites la guerre comme un satrape… Vous avez été constamment dans cette campagne où l’ennemi n’était pas.
(1809)

Mon frère, je regrette de vous avoir connu si tard.
(Waterloo, 1815)

Jérôme, en mûrissant, eût été propre à gouverner ; je découvrais en lui de véritables espérances.
(Sainte-Hélène, 1816 à Las Cases)




Les enfants de la famille.






Le blason de la famille Bonaparte avant Napoléon 1er.


Source: Grand Armorial de France et d'Europe, recueil non daté.
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Merci à Luc Meaux








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