Napoléon: les grands événements militaires: le bilan de la guerre d'Espagne.


Le bilan militaire.



Il est très difficile de donner des chiffres exacts pour évaluer les pertes que les six années de la Guerre d'Espagne ont générées. De vastes études ont été réalisées par bon nombre d’auteurs, mais elles présentent, suivant les sources, des chiffres très variables qui sont encore sujets à de possibles modifications. Nonobstant, et en se basant sur la relative ampleur de ces investigations publiées jusqu’à ce jour, le professeur Emilio de Diego présente, cependant avec de notables réserves, les renseignements qui vont suivre.

Commençant par une référence concernant les pertes humaines des armées étrangères présentes en Espagne pendant la guerre péninsulaire, on peut chiffrer le nombre de soldats portugais tués à 21.412 tués. De ceux-ci, 3.650 tombèrent lors des batailles qui se déroulèrent en Espagne et 2.413 dans le sud ouest de la France. Très probablement, dans ces chiffres ne sont pas compris les soldats décédés des suites de leurs blessures ou de maladies.

En ce qui concerne l’armée alliée comprenant les différentes nationalités qui la composaient, excluant les Portugais déjà cités, les tués lors des campagnes de 1808 à 1814, aussi bien dans la Péninsule que dans le sud de la France, peuvent s’élever, approximativement, entre 30.000 à 35.000, sans compter, ici également, les pertes produites par maladies et suites de blessures et qui pourraient en tripler le nombre.

Concernant les pertes souffertes par les troupes françaises, incluant les morts par maladies, blessures, prisonniers décédés en captivité etc., les chiffres qui apparaissent le plus souvent dans les résultats des recherches fluctuent entre les 200.000 et 300.000. Marbot parle de 200.000 Français et de 60.000 auxiliaires tels qu’Italiens, Polonais, Allemands de divers États ainsi que Suisses.

Ref :
ESPAÑA el INFIERNO de NAPOLEÓN
De Emilio de DIEGO

1808-1814
ESPAÑA contra ESPAÑA
Rafael TORRES



Le bilan civil.



Pour ce qui concerne le recensement des pertes humaines espagnoles et vu la nature de la lutte, dans beaucoup de cas il est très difficile de séparer les victimes militaires de celles civiles. Cependant, les études actuelles permettraient de chiffrer le nombre de morts causés dans les rangs de l’armée, de la marine et de la « guerrilla » à 250.000 hommes.
Cependant, l’impact négatif de ce conflit sur la population totale de l’Espagne, n’est pas uniquement réservé aux effets directs des batailles et combats ; les épidémies et les longues périodes de famines qui en résultèrent, touchant aussi bien les combattants que la population civile, firent payer un bien lourd tribut au peuple espagnol ; on peut chiffrer ces pertes aux alentours de 650.000 personnes. Les années ayant accusé le plus haut taux de mortalité furent 1809 et 1812. Cette Guerre d’Espagne provoqua une mortalité relative supérieure à tout autre conflit dont l’histoire d’Espagne se souvienne, avec une perte directe en vies humaines équivalente au 2,5% de la totalité de la population, mais qui pourrait s’élever jusqu’au 7% dû à la diminution du taux de natalité. En 1808, l’Espagne comptait 11.808.693 habitants.

Ref :
ESPAÑA el
INFIERNO de NAPOLEÓN
Emilio de DIEGO

DEMOGRAFIA Y GUERRA EN ESPAÑA
Esteban CANALES
Barcelona 2004




Le bilan économique.



Il n’y a pas à dire, le bilan humain est désastreux pour l’Espagne, ainsi que pour toutes les autres nations en proie à la guerre. Les répercussions économiques catastrophiques seront, pour l’Espagne, difficiles si pas impossibles à évaluer en chiffres. Les déficiences concernant les statistiques se révélèrent, au moment de réaliser une estimation de l’impact de ce conflit, absolument insurmontables.

Les effets logiques de cette lutte armée affectent avant tout la structure de la productivité. La désarticulation de cette branche de l’économie espagnole touche en premier lieu la pénurie de la main d’œuvre, la réduction extraordinaire des animaux de travail, la carence de semences et l’insécurité de pouvoir recueillir de possibles récoltes, qui constituent les plus importants facteurs de l’exceptionnelle chute de la production agricole. D’autre part, du aux continuelles réquisitions et vols de bétail, les élevages seront réduits à la plus simple expression. Si à la chute de la production agricole on ajoute les grandes difficultés rencontrées par l’activité commerciale on se trouve face à un panorama économique des plus désolant.

En ce qui concerne l’industrie considérée déjà comme peu rentable, celle-ci était principalement composée d’usines textiles et de fabriques de céramiques qui furent, suivant certaines sources, l’objet pour bon nombre d’entre elles d’une destruction menée par les Anglais. Dans un autre secteur de l’économie, la guerre va provoquer la rupture du fonctionnement « normal » des activités artisanales que l’on peut, plus ou moins, qualifier d’industrielles. La destruction d’installations, généralement de petites dimensions, la confiscation de certaines par le régime du roi Joseph et la dénaturation du marché vont interférer de façon négative au développement de la production.

Dans le bilan négatif de cette guerre il faut aussi envisager la destruction de la richesse urbaine causée par les effets mêmes des combats aux représailles mais également à des circonstances accidentelles. Viennent en premier lieu les villes affectées par des opérations de sièges et postérieurement par des assauts, telles que Saragosse, Gerona, Badajoz, Astorga, Saint Sébastien et bien d’autres qui souffrirent, après leur reddition, de spectaculaires incendies, sacs et répressions exemplaires aussi bien par les troupes amies qu’ennemies. Également dans ce cas, il est difficile de calculer ce que ces milliers de maisons subirent comme dégâts ou destruction totale.

La détérioration du réseau des communications est moins accusée vu le peu d’éléments pouvant être détruits, à part les ponts permettant de traverser les rivières. D’autres séquelles négatives vont s’unir à la longue liste de ce bilan, la disparition d’un grand nombre d’animaux et véhicules de transport, la perte de barques, bateaux, navires marchands et vaisseaux de guerre.

Le commerce extérieur est circonscrit fondamentalement aux échanges avec l’Amérique hispanique, comportant surtout la réception du produit des mines d’argent et autres richesses de cette Espagne d’outremer. À partir de 1810, les tensions entre l’Espagne péninsulaire et une partie de l’Amérique espagnole ouvriront la porte à la progressive rupture qui, malgré les efforts de Ferdinand VII pour récupérer le contrôle du commerce, sera définitive en 1824. L’autorisation d’un commerce direct des étrangers avec l’Amérique hispanique laisse supposer la reconnaissance de la perte de ces territoires.

Les séquelles de cette guerre auront difficile à se résorber et certains de ces effets sont encore très présents à l’heure actuelle.


Ref:
España el INFIERNO de Napoleón
par le Prof. Emilio de Diego




Le bilan artistique.



Cette guerre d’Espagne causa un incalculable désastre au patrimoine artistique du pays. Les effets dérivés de la lutte ruina, avant tout, partiellement ou totalement de nombreux édifices de grande valeur, spécialement les édifices religieux abritant tableaux, images, livres, sans oublier les meubles, vaisselles, objets du culte, etc. À ces effets, il faut aussi ajouter les destructions causées par le vandalisme souvent incontrôlé mais non réprimé, la spoliation par de supposées réquisitions, les sacs perpétrés par les Français et par les nationalités de toutes provenances combattant sous leurs bannières, les Britanniques, mais sans oublier qu’un certain nombre d’Espagnols s’adonnèrent également à de tels actes.
Également, dans ces cas, il est impossible de quantifier avec exactitude l’envergure du désastre. Certains de ces épisodes sont connus ainsi qu’une grande partie de leurs protagonistes. Parmi les plus connus on trouve, entre autre : le roi Joseph, Soult mais également Wellington… bien que pour ce dernier, « a posteriori » les autorités espagnoles lui concédèrent la propriété de ce qu’il avait emporté.

Dans la liste des victimes de cet engouement pour le collectionnisme se trouvent, principalement, un grand nombre de fonds public ainsi que les trésors de l’Église, sans ignorer les propriétaires particuliers, comme, par exemple, le marquis de Astorga, qui perdit une notable collection de peintures qui se trouve toujours au-delà des Pyrénées, ainsi que bien d'autres trésors provenant de toutes les principales villes d'Espagne.

Ref:
España el INFIERNO de Napoleón
par le Prof. Emilio de Diego






© Diana.





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