Napoléon: les grands événements militaires: l'Espagne - anecdotes.


Introduction: la guerre d'Espagne vue par Napoléon.


La guerre en Espagne fut la grande erreur de Napoléon, lui-même le reconnut lors de son exil à Sainte Hélène. L’erreur est d’autant plus grave que, en 1794, il écrivit dans une note sur la position politique et militaire de l’Armée du Piémont et d’Espagne :

« L’Espagne est un grand État ; la paresse et l’incapacité de la cour de Madrid et l’avilissement du peuple, la rendent peu dangereuse dans ses attaques. Cependant le caractère résigné de cette Nation, l’orgueil et la superstition qui dominent en elle, les recours qu’offre une grande population, la rendrait inquiétante si elle se voyait attaquée sur son propre sol […]
L’Espagne est une péninsule et trouvera de grands recours dans la supériorité de l’alliance qu’elle possède en mer […]
Un esprit froid ne pourra jamais avoir l’idée de prendre Madrid […]
Pour cela on doit adapter le système défensif pour la frontière d’Espagne et le système offensif pour le Piémont […] Attaquer l’Allemagne, jamais l’Espagne… »



Source: C. COLIN « L’éducation militaire de Napoléon, 1990 »
Ref: "España el Infierno de Napoléon" de EMILIO DE DIEGO



Fuengirola et les Polonais, du 12 au 15 octobre 1810



Le 12 octobre 1810, un petit détachement polonais d’environ 350 hommes sous le commandement du capitaine Mlokosiewitz subit, à Fuengirola, l’assaut par terre et par mer d’une armée anglaise de loin supérieure. Lord Blayney reçut l’ordre de prendre cette stratégique place côtière et disposait pour cela d’un bataillon britannique, un autre allemand, le régiment espagnol de Tolède aidé par des guérilleros, quatre canons légers et une pièce de siège servie par 69 artilleurs, au total 1.600 fantassins appuyés depuis la mer par deux frégates et cinq chaloupes canonnières. Les navires anglais bombardèrent de façon intensive la ville qui n’avait, pour se défendre, que quatre canons vétustes. Malgré la vétusté de ces canons, les Polonais réussirent à couler toutes les canonnières, ne laissant ainsi que les frégates.
Alarmé par le bruit des canons, la garnison polonaise de Mijas sous les ordres du Lieutenant Chelmicki, réussit à se faufiler à travers les lignes anglaises et à rejoindre les assiégés.

Blayney commanda à son infanterie de donner l’assaut au château. Pendant l’attaque, un commandant anglais fut tué et Mlokosiewitz fut blessé, mais Fuengirola resta en mains polonaises. Les Anglais continuèrent à canonner la place jusqu’au moment où le château s’incendia.

Dans l’après-midi du 15 octobre, malgré les nombreuses offensives anglaises, 200 fantassins polonais attaquèrent par surprise et les soldats anglais, pensant qu’il s’agissait de la puissante division de Sebastiani, se mirent à fuir. Blayney continua à lutter jusqu’au moment où il fut désarçonné et capturé, restant prisonnier des Polonais de 1810 à 1814 ce qui lui permit d’écrire un mémoire sur son périple à travers l’Espagne et la France.


Le cheval du guérillero



Lors d’une embuscade française, le guérillero Julián Sanchez dit « el Charro » tomba de son cheval qui resta aux mains des Français et ceux-ci en firent don au général Dorsenne, gouverneur de Salamanca. Oui mais Julián Sanchez adorait son cheval et décida de le récupérer. Profitant de ce que Dorsenne, accompagné de son aide de camp et d’une petite escorte, allait réviser la garnison, bien sûr monté sur le cheval de Sanchez, celui-ci sauta en croupe, étreignant fortement le général et animant son cheval de la voix, il s’échappa à fond de train. Les soldats éberlués n’osèrent tirer de peur de toucher Dorsenne. Sanchez voyant qu’il avait gagné suffisamment de distance relâcha le général.
Après avoir récupéré leur chef, ils préférèrent ne pas poursuivre « el Charro » de peur de tomber dans une embuscade.



La flotte après Trafalgar.



En mai 1808, deux ans après le désastre Trafalgar, les restes de l’escadre française réfugiée dans la rade de Cadiz se composaient des navires le « Héros » de 84 canons, l’ « Algésiras » avec 86, le « Pluton » et l’ « Argonaute » avec leurs 74 canons, le « Neptune » armé de 92 canons ainsi que la frégate la «Cornélie » armée, elle, de 42.
Le commandement de l’escadre de Cadiz fut donné à l’amiral François Étienne, comte de Rosily-Mesros lorsque, en 1805, Napoléon destitua Villeneuve.

L’amiral de Rosily-Mesros avait déjà une longue carrière mais une pauvre expérience en combats. Il était né à Brest en 1748, prit part à l’expédition de Kerguelen dans les mers du sud durant les années 1771 et 1772 et était un notable hydrographe.
Cependant lorsqu’il prit le commandement de la flotte il y avait déjà des années qu’il ne naviguait plus mais, grâce à son activité et à son professionnalisme, ses navires étaient équipés, carénés et approvisionnés par l’Espagne. Ses marins étaient nourris et recevaient leur paie. Rosily était prêt pour naviguer.

Par contre la situation était bien différente du côté espagnol dont la flotte, commandée par le chef d’escadre, Juan Ruiz de Apodaca était en très mauvais état par manque de maintenance. Ses navires étaient « Principe de Asturias » (112 canons), « Terrible », « Montañés » et « San Justo » chacun armé de 74 canons, « San Fulencio » et « San Leandro » avec 64 canons et la frégate « Flora » avec 44. Les équipages étant peu nombreux, l’on dut embarquer des troupes de terre qui, tout comme les marins, n’avaient pas été payés depuis huit mois. Le seul navire en état de prendre la mer était le « San Justo » qui se trouvait aligné dans la division française.

Dans l’arsenal se trouvaient d’autres navires en attente ou soumit à des réparations.



Cadiz, 1808.



Après le désastre de Trafalgar, ce qui restait des escadres franco-espagnoles se réfugièrent à Cadiz, où elles se trouvèrent bloquées par la flotte anglaise, commandée par l’amiral Collingwood, patrouillant devant l’entrée de la baie de Cadiz empêchant ainsi, aux escadres franco-espagnoles, de prendre la haute mer.
Entre les six bateaux français aptes à naviguer et les sept espagnols, en très mauvais état, dont seul le « San Justo » se trouvait en condition de naviguer, se maintenait une coexistence relativement pacifique, jusqu’au moment où Napoléon décida de commencer son projet espagnol.
Le 21 février 1808, l’empereur ordonne à son amiral, le comte de Rosily-Meros de positionner ses navires hors de portée des batteries espagnoles et d’amarrer le « San Justo » au centre des bateaux français, ce qui devrait, soit disant, empêcher, à la famille royale espagnole, de porter à bonne fin, une éventuelle fuite en Amérique.

Les semaines suivantes furent politiquement très agitées. Le 19 mars les émeutes de Aranjuez firent tomber le premier ministre Manuel Godoy et par la même occasion provoquèrent l’abdication de Charles IV faisant roi d’Espagne son fils Ferdinand VII. Cependant, quelques semaines plus tard, à Bayonne, après la honteuse scène, dont Ferdinand VII fut le triste protagoniste, la couronne d’Espagne alla définitivement ceindre la tête de Joseph Bonaparte.
Le 2 mai les soulèvements des Madrilènes contre les Français, eurent comme conséquences que, au fur et à mesure, que les nouvelles arrivaient en différents points du pays, des juntes locales et provinciales furent constituées, assumèrent le pouvoir, déclarant la guerre à la France et cherchant l’alliance avec la Grande Bretagne.

Pendant que ces évènements avaient lieu, à Cadiz, en prévision d’une attaque anglaise, l’amiral de Rosily, réussit à convaincre le commandant général du département, Juan Joaquín Moreno, de l’importance de mouiller les vaisseaux des deux escadres en les intercalant et c’est ainsi que, le 12 mai, se forma, en face de la Cabezuelas dans le Puerto de Santa Maria, une ligne avec en tête le « Neptuno » suivi du « Principe », du « Héros », du « San Justo », de l’ « Algésiras », du « Montañes », de l’ « Argonaute », du « Terrible », du « Pluton », du SanFulgensio » et du San Leandro.


SOLANO ORTIZ DE ROZAS

D’origine noble le général Solano était né à Caracas en 1769. Reconnu comme un des plus jeunes et des plus brillants généraux espagnols, il s’était fait remarquer dans diverses campagnes militaires par ses qualités de commandement comme celles démontrées lors des campagnes d’Oran et de la guerre contre le Portugal. Très considéré par ses camarades espagnols et français, cela lui valut le poste de gouverneur de Cadiz. Cependant, ses sentiments antinapoléoniens freinèrent l’ascension de sa carrière militaire.

Le général Solano Ortiz de Rozas, deuxième marquis de Socorro, séjournait à Cadiz lors des évènements dramatiques ayant eu lieu à Madrid, ainsi que le transfert de la famille royale à Bayonne et la nomination de Joseph Bonaparte comme roi d’Espagne. Tous ces faits décidèrent le général d’organiser la résistance et d’exiger à l’amiral Rosily de retirer ses chaloupes de surveillance du Rio Sancti Petri.

Le 26 mai, Séville se révolte contre Napoléon et, deux jours plus tard, Solano recevait le comte de Teba (père d’Eugénie) qui l’informa de la situation. Solano se déclara pour un soulèvement et pour former une Junte, il devait cependant manœuvrer avec prudence, afin d’éviter le danger de bombardements de la ville par les navires de Rosily. Solano convoqua une réunion de onze généraux de terre et de mer parmi lesquels se trouvait le commodore des navires espagnols, Moreno y Ruiz de Apodaca, faisant remarquer l’état pitoyable de leur flotte ainsi que la menace que représentaient aussi bien les navires français que les britanniques, qui, avec leurs douze navires, surveillaient constamment l’entrée du port.

Pendant que Solano cherchait à recruter des volontaires, la population s’inquiétait et tous ces mouvements et les rumeurs ne pouvaient passer inaperçues ce qui porta Rosily à planifier le déplacement de ses navires et à ordonner le sondage du goulet et des alentours du Trocadero afin de pouvoir faire passer, par là, sa flotte jusqu´à la baie et ainsi dominer la ville de ses canons et, également, empêcher une attaque de l’escadre britannique.


ASSASSINAT DE SOLANO

Le 29 mai se célébrait une nouvelle junte de généraux. On projetait de capturer l’escadre française, cependant les marins assurèrent que cela serait impossible avec les bateaux espagnols intercalés avec les français, isolés entre eux et dans un tel mauvais état pour combattre que ce serait un sacrifice inutile.

Solano avait été mis au courant de l’exploration réalisée dans la zone du Trocadero par les Français et il était simple d’en déduire les intentions de Rosily et de ce fait, on ordonna de leur rendre la tâche difficile en occupant avec des troupes le Trocadero.

Un certain mal-être se faisait sentir entre les deux parties qui se trouvaient au bord d’une rupture. Devançant cette échéance, Solano sachant la pénurie d’armes et de poudre dont il souffrait, rédigea uniquement une proclamation de guerre au lieu de commencer immédiatement la lutte.

Dans Cadiz les esprits étaient surchauffés et considérèrent ce délai comme un signe d’accointances avec les Français, une horde hors contrôle et menaçante se rua vers la Capitainerie où, depuis le balcon, Solano tenta de calmer cette foule qui l’insultait et l’accusait d’ « afrancesado » et de traître. Vu le danger, un capitaine de la garde ordonna de fermer les portes, mais, de l’avenue, arrivait une foule armée de canons volés à l’Arsenal qui tira dans les portes de la « Capitanía ». Solano réussit à échapper à cette populace, mais il fut rattrapé et emmené vers la place San Juan de Dios pour y être pendu. Il fut poignardé avant d’y arriver... on suppose par un de ses subalternes pour lui épargner cette mort ignominieuse.


LES PRÉPARATIFS AVANT L'ATTAQUE

Pour substituer Solano, le 30 mai, la Junte de Cadiz nomma le général Tomás Morla, qui commença immédiatement les préparatifs pour l’inévitable affrontement avec les Français. Le 31 mai, on installa de nouvelles batteries et on renforça les garnisons de « La Cantera », « Trocadero » et « Puntales ».

La flotte espagnole leva l’ancre et se sépara de la flotte française. Tomás Morla envoya le marin Mac Donald informer l’amiral Collingwood de la situation politique à Cadiz. Il répondit qu’il était disposé à entrer dans la baie et à détruire la flotte française, mais le capitaine général refusa, se doutant que les Anglais profiteraient de l’occasion pour s’approprier le port. Un ordre fut donné pour réarmer deux bateaux qui se trouvaient à l’arsenal, juste en face de la flotte française.

Toute cette activité et cette agitation ne passèrent point inaperçues de Rosily dont le seul espoir résidait, maintenant, dans l’envoi d’une armée française pour le secourir et pour cela, il devait résister le plus longtemps possible.

Profitant du vent du ponant, Rosily se sépara des châteaux de Puntales et de Matagorda pour entrer, canons dirigés vers l’arsenal, dans le canal de Carraca. De cette manière il s’interposa entre l’arsenal et la flotte espagnole, interrompant le passage des barges devant apporter les fournitures, le ravitaillement et même l’eau et s’appropriant du chargement. Cela obligea plus tard d’approvisionner les bateaux de Apodaca depuis Cadiz et Puerto Real.

La position de l’amiral Rosily était assez favorable. Sa position à l’intérieur de la Baie empêchait à l’escadre de Apodaca, très inférieure vu son état, de s’approcher pour l’attaquer. La seule solution pour contrôler les Français était de les encercler de pièces d’artillerie, de les attaquer avec des canonnières et de les empêcher de fuir. Pour cela une chaîne fut tendue entre Matagorda et Puntales, fermant ainsi la baie. Comme expert en artillerie, Morla fit installer des batteries depuis La Carraca jusqu’à Punta de la Cantera. Sachant ne pouvoir opérer avec ses bateaux, on le compensa en lui donnant le commandement de 37 canonnières dont 12 dotées chacune d'un mortier. La formation se fit sur trois lignes:
- au premier rang les simples canonnières,
- au second rang les canonnières avec mortiers et
- en troisième position les canots de ravitaillement en poudre, munitions, équipement desservant les premières lignes.



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Légende des images:
1) Positions le 12 mai 1808 : les escadres franco-espagnoles en lignes de défense dans la baie de Cadiz face à Puerto Santa Maria.
2) 26 mai 1808 Rosily fait sonder le goulet et les marais du Trocadero pour éventuellement rejoindre la baie et pouvoir bombarder la ville.
3) Le 31 mai 1808 Apodaca se sépare de la flotte française et se positionne dans un nouveau mouillage. Rosily se déplace et jette l'ancre dans l'entrée du canal de Carraca.
4) Positions finales avec vue sur les batteries espagnoles de Carraca à Punta de la Cantera.



RÉSISTANCE FRANÇAISE

Le matin du 9 juin, Morla envoya un message à Rosily lui expliquant le motif des hostilités : La privation de liberté du Roi poussait la « Nation espagnole » à prendre les armes à cause de la « perfidie » de la France. Dans le cas de non capitulation dans un délai de deux heures, ils seraient attaqués avec des grenades, des boulets massifs et des boulets rouges. Morla rappelait à Rosily sa situation désespérée vu que hors de la baie les Anglais les attendaient, avec une puissance double de la leur. Finalement il menaçait avec l’irritation du peuple de Cadiz dans le cas de résistance et de préjudices pour la population. « Je ne réponds point de sa vengeance sur d’innocentes victimes ».. Rosily refusa de baisser pavillon. Ses bateaux étaient mouillés dans le goulet, préparés pour le combat avec les canons pointant vers la baie les flancs protégés par des câbles et grelins pour amortir les coups des projectiles.

Avec retard les canonnières et les châteaux forteresses commencèrent l’attaque qui se prolongea pendant plus de cinq heures. Au crépuscule les canonnières se retirèrent sans avoir provoqué aux Français des dégâts importants, Rosily s’était bien défendu endommageant sept canonnières qui durent être remplacées. et désarmant les batteries de La Cantera avec le feu de l’Algésiras. Les pertes françaises furent de 13 morts et 51 blessés et 8 morts et 24 blessés du côté espagnol.

Le 10 juin, Rosily envoya un message refusant les raisons qui avaient provoqué cette lutte alors qu'il n’avait commit aucune action hostile et continua de se considérer allié à la « Nation espagnole ». Comme l’amiral Rosily refusait toujours de capituler, les combats reprirent avec les canonnières et les batteries à terre. Rosily résista à la « fonction », comme on disait à l'époque, jusque dans l’avant-midi, lorsque le « Héros » hissa le drapeau pour parlementer. La trêve fut opportune pour Morla vu qu’il ne lui restait que peu de poudre.

Dans la proposition que Rosily avait soumise, il prétendait qu’on lui permettait d’abandonner en paix la baie et que Collingwood promettait ne pas le poursuivre pendant quatre jours. Morla refusa vu qu’une partie cette proposition concernait l’amiral britannique et que d’autre part, son but était de se rendre maître des navires français.

Le jour suivant, Rosily soumit une nouvelle proposition, celle de désarmer ses bateaux si on lui permettait d’abandonner le port ne laissant à bord que les équipages et ne hissant aucun pavillon. En échange il désirait la sécurité de la flotte britannique. Il exigea également des otages qui se porteraient garant de la sécurité des malades de la flotte se trouvant à terre, ainsi que la sauvegarde de la vie et des propriétés des citoyens français de Cadiz et d’Andalousie et, finalement, qu’on lui fournisse de l’eau et des vivres, qui seront payés comme il l’avait toujours fait.

Morla se rendit compte que l’amiral prétendait seulement gagner du temps et que lui-même, ne pouvant lancer une nouvelle attaque faute de poudre, devait dissimuler son impuissance, en répondant que cette proposition devait être soumise à la Junte de Séville et à Collingwood.

Pendant ce temps, Morla prit les dispositions militaires qui devraient intimider Rosily en installant de nouvelles batteries, certaines simulées et d’autres très puissantes c'est-à-dire, 30 pièces de 36. De plus il fit appel à la division des canonnières de Malaga. Il fit également armer précipitamment l’Argonauta pour attaquer sur un côté que les Français croyaient sécurisé, afin de les empêcher de pénétrer dans le goulet du canal de la Carraca et bombarder l’arsenal. Pour cela, il fit couler deux bateaux afin de bloquer ce canal.


REDDITION DE LA FLOTTE FRANÇAISE

La Junte refusa la proposition française et à l’amiral Rosily il ne resta plus qu’à amener le pavillon du "Héros" qui se trouve aujourd’hui au Musée Naval de Madrid. Ne pouvant se soutenir éternellement dans un port ennemi, entouré de batteries et de canonnières et, avec en mer la flotte anglaise supérieure à la sienne, Rosily remis son épée à Ruiz de Apodaca qui chevaleresquement la lui rendit.
C’est ainsi que furent capturés 3.676 prisonniers, 442 canons de 36 et de 24, un quintal de poudre, 1.429 fusils, 1.069 baïonnettes, 80 pierres à feu, 50 carabines, des sabres, des piques, des pistolets et des balles.
Tomás Morla publia immédiatement la proclamation suivante :

« Gaditains, l’escadre française, sous le commandement de l’amiral Rosily, vient de se rendre confiant en la générosité et l’humanité du peuple espagnol.
Cadiz, le 14 juin 1808. »

Rapidement l’énorme quantité de prisonniers se transforma en un grand problème et on opta d’en reclure une partie dans l’arsenal et, dans le style anglais, les navires « Argonauta » et « Castilla » furent coulés dans la baie les transformant en pontons où fut recluse l’autre partie.
Parmi les coutumes de l’époque, les officiers eurent la permission de continuer à résider sur leurs bateaux en attendant d’êtres échangés ou libérés sur paroles. Rosily choisi la libération sur parole afin de pouvoir informer directement l’empereur des circonstances qui lui firent baisser pavillon. La Junte se refusa d’accepter mais, à la fin, céda et l’amiral et ses officiers furent libérés sur parole en attendant d’être échangés. De son côté Collingwood leur procura un passeport.

Il est intéressant de souligner la raison première du refus de libération, la Junte voulait imposer un nouveau concept du combattant, ratifiant son caractère de prisonnier :

Le temps de la guerre en dentelles était révolu.

Plus tard, tous les officiers espagnols ayant participé à cet évènement, furent élevés au grade immédiatement supérieur.

Quelques semaines plus tard, le 19 juillet 1808 eut lieu la bataille de Bailén qui se termina par la défaite du général Dupond.


LE SORT DES NAVIRES CAPTURÉS.

Les navires capturés furent rebaptisés :

L’« Argonaute » se converti en « Vencedor » - vu qu’il existait l’« Argonauta coulé et transformé en ponton - sa vie fut brève : cédé aux Anglais, il coula en 1810 lors d’une tempête à la hauteur de la Sardaigne.

Le « Héros » changea en "Héroe", servit la Marine espagnole jusqu’en 1847 lorsqu’il fut envoyé au dépeçage.

L’ « Algésiras » devint « El Algeciras » et resta en service jusqu’en 1826 ; il réalisa d’importantes missions diplomatiques en Grande Bretagne pour obtenir des armes.

Le « Neptune » changea son nom en « Neptuno » et navigua jusqu’à son dépeçage en 1820.

La frégate « Cornélie » devint « Cornelia ».


Sources:
La Aventura de la Historia nº 116 .
article Los Franceses se rinden de Antonio Atienza Peñarrocha – enquêteur naval

España Infierno de Napoleón
de Emilio de Diego - docteur en Géographie, Histoire et Droit à l’Université de Madrid




La bataille de Medellin



Le 28 mars 1809 eut lieu dans la localité de Medellín, une des plus sanglantes batailles connues jusqu’alors, pendant laquelle les Espagnols souffrirent un des pires revers de cette guerre d’Espagne. C’est en ces lieux que les restes de l’Armée d’Extremadura, déjà vaincue à la Bataille de Burgos, se fera à nouveau surprendre.

Le 29 janvier, le général Cuesta avait réussi à chasser une garnison française d’Almaraz, et, en représailles, Napoléon avait envoyé le maréchal Victor.
En principe la bataille se présentait à égalité de forces, 17.000 contre plus ou moins le même nombre d'hommes du côté de l’adversaire, cependant, une courageuse incursion de la cavalerie française commandée par Latourg réduisit à néant le flanc droit espagnol, laissant toute son armée exposée. Dans la débandade qui suivit, les Français chassèrent sans pitié les soldats espagnols qui eurent à subir de très lourdes pertes s’élevant à quelques 10.000 hommes.



La bataille d’Albuera.



Les chroniques de l’époque signalèrent la Bataille d’Albuera comme la plus sanglante de toute la guerre. Le jour de ce 16 mai 1811 se leva, enveloppé d’un épais brouillard, et la confusion qui s’ensuivit transforma le champ de bataille en un enfer.

Les Français venant d’Andalousie pour secourir leurs compatriotes assiégés à Badajoz avancèrent vers Albuera où l’armée de Beresford les attendait. Celle-ci avait abandonné Badajoz pour se rencontrer avec l’armée de Wellington afin de porter les combats vers cette place. Les alliés, s’étant rendu compte de la tactique française, décidèrent de manœuvrer de façon à renforcer leur aile droite en y positionnant les troupes espagnoles de Blake. Ce fut le commencement d’une lutte sans merci contre les deux divisions françaises que Soult appuya en envoyant une division de réserve et Latour-Maubourg sa cavalerie.
Après une lutte intense, Castanos envoya au front toutes les divisions espagnoles tandis que le général Ballesteros, avec une paire de bataillons, tentait d’encercler les Français par la droite, obligeant Soult à y envoyer le reste de ses réserves.

Pendant que l’aile droite des alliés, défendue par les Espagnols de Blake, commençait à céder devant les assauts successifs des Français, Beresford se porta au secours des troupes anglo-portugaises qui retenaient les Français et initia une contre attaque. Devant cette offensive, Soult ordonna une seconde attaque qui approcha tellement les deux camps qu’ils se trouvèrent à moins de 20 pas l’un de l’autre, se fusillant quasiment à bout touchant. Finalement les brigades de cavalerie alliées chargèrent contre le flanc français et la division du général Zayas le fit contre le centre. Les Français se retirèrent en débandade mais leur cavalerie et leur artillerie empêchèrent les alliés de les poursuivre.

Après la bataille qui dura quatre heures, le bilan est terriblement lourd. Du côté allié on compta 6.000 pertes d’hommes dont 4.300 Anglais et 1.400 Espagnols, tandis que du côté français les pertes se chiffraient à 8.000 hommes.

ref: LA AVENTURA DE LA HISTORIA nº 117




© Diana.





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