Drouet cyril a écrit :Art 18 du décret du 17 mars 1808 : " Les dispositions contenues au présent décret auront leur exécution pendant dix ans, espérant qu'à l'expiration de ce délai et par l'effet des diverses mesures prises à l'égard des juifs, il n'y aura plus aucune différence entre eux et les autres citoyens de notre empire"
Cela confirme ce que je disais. Napoléon ne concevait pas que le simple fait d'accorder les mêmes droits aux juifs qu'aux autres Français aurait pour effet qu'une partie importante d'entre eux deviendraient des "Français ordinaires", avec cette seule particularité d'être de religion juive. C'est néanmoins ce qui s'est produit, mais pas du tout suite au décret du 17 mars 1808, contrairement à ce qu'affirmait Thierry Lentz sans éléments solides pour confirmer cette opinion. C'est plutôt l'opinion de Jean Tulard, Lilly Marcou et Jacques-Olivier Boudon qu'il faut retenir. Cette assimilation s'est faite
MALGRE les mesures discriminatoires et non grâce à elles.
Drouet cyril a écrit :Peu importe. J'essaie seulement de recontextualiser la politique impériale vis à vis des Juifs qui, se nourrissant de préjugés hostiles, visait pourtant bien à l'intégration de la communauté juive à la nation française.
Le problème, c'est que vous contextualisez sans prêter la moindre attention au fait que le terme "intégration" ne figure dans aucun des textes que vous avez cités et étant donné le sens qu'on lui donne actuellement, avec notamment la mise en place en Belgique (je ne sais pas exactement ce qu'il en est en France) de "parcours d'intégration" pour les "primo-arrivants", dans le cadre desquels on leur donne des cours de français ou de néerlandais et on leur donne des informations sur la législation et les habitudes en vigueur dans le pays où ils débarquent.
Employer le même terme d'intégration à l'égard des juifs établis en France depuis des décennies, voire des siècles à l'époque de Napoléon donne inévitablement une fausse idée de la nature de ce que serait cette "intégration". En 1808, les juifs de France n'avaient en effet nul besoin d'apprendre le français (ou l'alsacien), ni d'être mis au courant des habitudes d'un pays dans lequel ils résidaient depuis leur naissance. Ils avaient juste besoin d'être traités comme n'importe quel Français, ainsi que l'avaient envisagé Louis XVI et Malesherbes et ainsi que l'émancipation votée en 1790 et 1791 le prévoyait.
Voici ce que disait Beer Isaac Beer suite à cette émancipation :
Il est donc arrivé ce jour, où le voile qui nous couvrait d’humiliation s’est déchiré, nous les récupérons enfin, ces droits, qui depuis plus de dix-huit siècles nous avaient été ravis – combien ne devons-nous pas reconnaître, en ce moment, la clémence merveilleuse du Dieu de nos ancêtres !
Par rapport à cette émancipation, le décret "infâme" est sans aucun doute un recul puisqu'il réintroduit, certes temporairement, une discrimination qui avait empêché l'intégration au lieu d'y concourir.
« Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? »