Drouet cyril a écrit :Pour ce que j'en ai vu sur les forums, il s'agissait toujours de personnes ne maîtrisant pas leur sujet et se lançant ainsi, et peu importe les bases, très satisfaits d'eux-mêmes et de leur imagination fertile.
Le livre dont je vous parle propose une étude approfondie de la question, bien loin de l'approche des forums.
Drouet cyril a écrit :La citation donnée plus haut visait seulement à dire que vous considériez que la politique de Napoléon vis à vis des Juifs n'avait pas pour objectif l'intégration et que ceux (dont moi) qui avançaient cet avis ne lisaient pas correctement les textes de Napoléon.
Comme je l'ai dit dans mon message précédent, la régénération telle que la concevait Napoléon était très éloignée de l'intégration, à moins évidemment de concevoir l'intégration comme la renonciation à sa religion et à sa spécificité.
J'ai également dit que parler d'intégration pour le début du 19e siècle me paraissait quelque peu anachronique. L'intégration suppose en effet l'existence d'un ensemble homogène dans lequel il faudrait s'intégrer. Dans ce cas, cet ensemble serait la nation française. Or, à l'époque de Napoléon, cette homogénéité était loin d'être acquise. Sans même prendre en compte le fait que l'empire ne cessait de s'étendre à des régions non francophones (la Hollande, une partie de l'Italie, la Flandre, Hambourg, la Sarre, le département de Mont-Tonnerre...), il existait une grande diversité entre les régions de l'Hexagone héritée de l'Ancien Régime dont la législation était faite de coutumes locales que le récent Code civil avait pour objectif d'harmoniser, sans que cela soit à l'époque véritablement entré dans les moeurs. Certaines régions qui avaient adopté le droit d'aînesse comme coutume d'héritage vont d'ailleurs résister un certain temps à l'imposition de l'égalité entre les héritiers au cours du 19e siècle. Les spécificités régionales vont également persister jusqu'à nos jours, malgré les efforts centralisateurs du pouvoir parisien (c'est dans les années 1960 qu'il y a eu une bataille judiciaire pour obtenir le droit de donner des prénoms bretons à ses enfants).
Enfin, il faut souligner que parler d'intégration pour les juifs à cette époque est assez surprenant. La réalité n'est pas qu'il aurait fallu pousser les juifs à s'intégrer parce qu'ils n'auraient pas voulu le faire spontanément. Au contraire, pendant des siècles, on les a obligés à se tenir à l'écart, allant même dans certains cas jusqu'à les cantonner, voire les enfermer dans des ghettos et si certains d'entre eux s'étaient spécialisés dans le métier d'usurier, c'est parce qu'on leur interdisait d'exercer certaines professions.
Enfin, ce n'est pas "l'intégration" qui met un terme à l'antisémitisme. Alfred Dreyfus, officier dans l'armée française, était parfaitement intégré. Cela ne lui a cependant pas permis d'éviter d'être injustement accusé et condamné parce qu'il était juif.
« Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? »