L'idée qu'il aurait été envisageable de maintenir le régime impérial en France grâce à la régence d'un enfant à peine âgé de 3 ans paraît relever du mirage.Cipriani Franceschi a écrit :là-dessus, je pense que l'historien Franck Favier (je vais d'ailleurs aller l'écouter en conférence cet après-midi) ne serait pas pleinement d'accord avec vous.... au contraire, on pourrait estimer que la fameuse "défection d'Essonnes" a eue des conséquences incalculablesFrédéric Staps a écrit : Marmont est passé à la postérité avec l'image d'un traître, pour une trahison dont la portée reste toutefois assez limitée.
En effet, lorsqu'elle se produit, Napoléon négociait son abdication conditionnelle en faveur de son fils en désignant pour ce faire trois plénipotentiaires auprès du Tsar (Ney, Macdonald, Caulaincourt) : la trahison de Marmont ruina cette démarche....![]()
citons Franck Favier (page 193) : "la révélation de ce complot place les négociateurs dans une position difficile, car leur seul atout face au tsar est l'unité de l'armée française - Nous étions loin de nous dissimuler tout le mal que ces démarches faisaient à notre cause, c'était avoir porté d'avance un coup fatal à nos négociations (Caulaincourt, Mémoires du Duc de Vicence)"
Le 5 avril, lorsque les négociateurs se présentent chez Alexandre, celui-ci -pourtant enclin à soumettre leur offre aux autres monarques - apprend que le 6ème corps de Marmont a rejoint les armées alliées... dans la foulée, il repousse l'offre d'abdication conditionnelle de Napoléon, il n'y aura pas de Napoléon II sur le trône....
La conspiration du général Malet avait mis en lumière que la majorité des Français n'était pas prête à voir un enfant très jeune succéder à Napoléon à la tête du pays avec une régence exercée par une Autrichienne. D'ailleurs, même si Napoléon considérait qu'il était le représentant de la quatrième dynastie, en se faisant couronner empereur et non roi, le choix de ce titre voulait mettre en évidence une rupture par rapport à l'Ancien Régime et se référait très clairement à l'Empire romain plutôt qu'à la monarchie française de droit divin.
Par ailleurs, les régences qu'avait connu la France dans les siècles précédents étaient synonymes d'affaiblissement du pouvoir, voire de troubles. Or Napoléon était parvenu au pouvoir sur base du fait qu'il était capable de mettre un terme aux troubles qui agitaient la France depuis la Révolution. La mise en place d'une régence, qui aurait inévitablement fragilisé le pouvoir, n'était donc pas de nature à rassurer les Français.
Plutôt donc que d'avoir des conséquences incalculables, la "trahison" de Marmont aurait plutôt présenté l'avantage d'éviter, dans le meilleur des cas, des pertes de temps à discuter d'une solution totalement irréaliste et, dans le pire des cas, de nouveaux combats totalement inutiles.