Chronologie: l'annonce du retour de Napoléon.

Par Jérôme Croyet
Docteur en histoire
Collaborateur au Magazine Napoléon 1er & à Soldats Napoléoniens


A l'annonce du retour de Napoléon le 76e Régiment d'Infanterie de Ligne, qui est en garnison à Bourg en décembre 1814, prend les armes pour acclamer et suivre l'envolée de l'Aigle durant les 100 jours. C'est lui qui fait fuir la municipalité et le préfet royalistes. Dès son retour, Napoléon cherche à porter l'infanterie à 428 400 hommes, elle qui n'en comptait plus que 83 700.

Dans l'Ain, l'effort de guerre est presque immédiat même si dans tout le département, des volontaires continuent de s'enrôler en février et mars. A Bourg, les volontaires s'enrôlent en grande majorité dans l'infanterie (1) mais aussi dans les chasseurs à cheval de la Garde. De très jeunes gens, à l'exemple d'Edouard Simon qui a 16 ans et demi (2) fils du pharmacien de Bourg, demandent l'autorisation parentale pour faire valider leur engagement auprès du maire de la ville de Bourg et ainsi rejoindre l'armée. Dès le 21 avril, en exécution de l'article 13 de l'instruction du ministre de la guerre du 9 avril, le préfet forme un Conseil d'Examen devant lequel doivent se présenter tous les anciens militaires (3). Le Conseil, formé du Baron Baude, préfet, du colonel commandant le département, du capitaine de gendarmerie, du chevalier Ganivet faisant office de capitaine de recrutement et du médecin Panud. Dès le 24 le Conseil se réunit à 7 heures du matin et, durant 21 jours, passe en examen 3621 anciens soldats (4). Tout ceux déclarés aptes, rejoignent des régiments de ligne : ainsi parmi eux 9 vétérans (5) rejoignent le 7e bataillon du Train d'Artillerie ; 9 sont assignés au 7e régiment de Chasseurs à Cheval (6); 21 sont pour le 60e Régiment d'Infanterie de Ligne (7) et 16 pour le 77e Régiment d'Infanterie de Ligne (8).


En 1815, l'Ain reste fermement anti-bourbon et le Bugey particulièrement activiste. Malgré la période impériale, les idéaux de la Révolution ressurgissent lors des Cents Jours, lorsqu'en avril 1815, César savarin, ancien volontaire de 1792, démissionnaire au coup d'état du 18 brumaire, écrit au ministre de l'Intérieur qu'il faut "pratiquer une purge sévère des nobles, des prêtres et des fonctionnaires jusqu'aux conseillers de préfecture et à la Garde Nationale" (9), dont il demande, d'ailleurs l'élection des officiers le 18 juin 1815. La fibre républicaine latente trouve à s'exprimer dans les cantons de Mornay, Brénod et une partie de ceux de Poncin et Nantua, ouvertement anti-royaliste, où sous le prétexte de lutter contre les volontaires royaux du duc d'Angoulême, un parti de 400 volontaires sous les ordres de César Savarin, en partance pour Lyon, s'arrête à Ambérieu, le 6 avril, où ils font sonner le tocsin, mettent à sac la cave du curé (comme en juillet 1789), mettent en fuite ce dernier et le notable royaliste Lombard et finissent par se faire servir à boire par sa femme. Les menées révolutionnaires de ces volontaires bugistes sont si flagrantes, même si elles paraissent "de peu de conséquences" (10) pour le préfet de l'Ain Baude, qu'à leur retour de Lyon, où ils "avaient proféré les insultes et menaces contre des ecclésiastiques et des anciens nobles" (11) , craignant néanmoins un retour aux usages de 1793, ce dernier fait poster deux brigades de gendarmerie. Même si l'administration bonapartiste ne fait rien pour empêcher ces résurgences terroristes, l'administration royale restaurée ne parviendra pas plus à faire disparaître les acquis révolutionnaires.


Les Gardes Nationaux de l'Ain,
Résurgence de 1790


Outre cette mesure qui vise à reformer les troupes de lignes, le département met sur pied une Garde Nationale, dont les Grenadiers sont équipés et armés pour aller au front. Le 11 avril 1815, le préfet Baude, décide la formation d"une ou plusieurs compagnies de gardes nationales sédentaires" (12) dans toutes les communes du département. Ces dernières, "chargées du maintien de l'ordre et de la police" (13), sont composées des célibataires de 16 à 40 ans puis des hommes mariés de 18 à 60 ans, sous le commandement d'anciens militaires domiciliés dans la commune. Ces hommes, organisés comme durant la Révolution, n'en ont malheureusement pas les moyens. En effet, si leurs pères bénéficiaient d'armes nationales, eux n'ont à leur disposition que des "fusils de munition, mousquetons, fusils de chasse, sabres, et, à défaut, des piques" (14) qui doivent être trouvés dans la commune et réunis pour le service. De fait beaucoup des gardes nationaux utilisent une arme personnelle. Dans les campagnes, les maires établiront un corps de garde où seront emmagasinées ces armes. Dans les grandes villes de l’Ain l’organisation de la Garde Nationale ne semble pas poser de problèmes. Dans l’arrondissement de Trévoux les officiers de la Garde Nationale sont nommés par le comité d’arrondissement et s’empressent, une fois nommés de demander au sous-préfet quelle est leur tenue.

Dès leur organisation et suivant les vœux du préfet, les Garde Nationaux font un service régulier de 24 heures. En effet, après un tour de service effectif "du midi jusqu'au 6" (15), les gardes nationaux peuvent rentrer chez eux mais même durant ce laps de temps, ils restent en état d'alerte : "votre garde consiste à ne pas s'absenter de chez vous durant votre garde et d’y commander les hommes. . .de ne point s'absenter aussi que si le maire a besoin de vous autres qu'au premier son du tambour ou de la cloche que vous vous rendiez sur le chant à la mairie muni chacun d'une arme la plus défensive que vous aurez chez vous" (16) écrit Claude Charrin, le commandant de la Garde Nationale de Guérrin à Antoine Tachon, chef de garde, le 5 juin 1815. Si leur armement est désuet et divers, leur tenue ne l'est pas moins et rare son ceux qui doivent posséder l'habit national, qui fût 25 ans plutôt dans tous les foyers du jeune département de l'Ain.

La mise en place des Gardes Nationales pose un problème de brigandage auquel ne s’attendait pas le préfet Baude. En effet, profitant de l’organisation de ces dernières, “ des bandits se qualifient du titre de Garde Nationale,. . .et profitent de l’absence d’une partie de la population des communes. . .pour se. . .livrer à un brigandage d’autant plus criminel, qu’ils ont l’audace de la couvrir du manteau du patriotisme(17). Profitant de ces troubles, Baude, le 15 mai, arrête “ que le service de la Garde Nationale se fera dans toutes les communes. . . jusqu’à nouvel ordre(18). Cette décision du préfet, se portant sur des troubles de la sécurité publique, est en fait un véritable ordre de mobilisation générale. En effet, au son du tocsin, ou du “ premier signal convenu (19), les hommes, désignés par les maires, seront armés et prêts à “ repousser la force par la force(20).


Chasseurs et Grenadiers de la Garde Nationale de l'Ain


Parmi les Gardes Nationaux, des compagnies de Chasseurs et de grenadiers sont mises sur pied, afin de servir de réserves mobilisées et mobiles pour l'armée impériale. Bataillons d'élite, les grenadiers reçoivent alors plus de soin que leurs collègues de la garde nationale sédentaire. Par tradition, les grenadiers

Les hommes doivent avoir entre 20 et 40 ans, sans enfants. Le 16 mai, le sous-préfet de l'arrondissement de Belley, Charcot, fait savoir aux maires de son arrondissement qu'il doit mobiliser 250 hommes "pour compléter les neufs compagnies de grenadiers assignées à cet arrondissement" (21). Les hommes compris dans l'appel, doivent d'abord être toisés et examinés, puis "munis de leurs effets" (22), ils se rendent à Bourg immédiatement après. Ceux de Lagnieu se regroupent à Ambérieu le 18 mai à 6 heures du matin. On peut supposer qu'une distribution d'effets (capote, shako et pantalon) provenant de dépôts, a lieu durant l'examen. En effet, arrivés à Bourg, tous ne reçoivent pas de pantalons ou de capotes.

Le 17 mai, le sous-préfet de Bourg, Collomb d'Arcine, adresse aux maires des communes de son arrondissement une lettre circulaire dans laquelle il les invite aux chefs lieu de canton afin de former les chasseurs de la Garde Nationale (23). D'après cette circulaire, les maires doivent dresser un tableau des hommes célibataires, veufs sans enfants et mariés sans enfants de 20 à 40 ans, qu'ils doivent amener au chef lieu de canton, où seront organisés les chasseurs de la Garde Nationale, dont les hommes "seront renvoyés dans leurs foyers immédiatement après la revue" (24). La séance du canton de Coligny a lieu le 22 mai.


Une fois les requis des bataillons de grenadiers désignés, ceux-ci sont mis en place. Chaque bataillon de grenadiers compte 6 compagnies. Ainsi, le 3ième Bataillon d'élite de Grenadiers des Gardes Nationaux mobilisés de l’Ain est mis sur pied le 11 mai 1815 à Bourg. Il est composé d'un état-major et de 6 compagnies, totalisant 758 hommes de troupes et 22 officiers. 20 des officiers ont intégré le corps à la formation, 2 l’intègrent plus tard. Tous ont été sous officiers fait officiers. Beaucoup d’officiers sont d’anciens militaires, dont plusieurs anciens gardes d’honneurs, qui lors de leur engagement dans le 4e régiment en 1813 avait reçu la promesse d’être fait sous-lieutenant un an plus tard. Malheureusement, la 1ère Restauration avait rendu caduque cette disposition. Les régiments étant dissous, les anciens Gardes d'Honneur, en intégrants les bataillons de grenadiers de la Garde Nationale, ont la possibilité de bénéficier de la promesse de 1813. Des hommes, 695 hommes de troupes sont recensés lors de la formation du Bataillon, 63 le rejoignent par la suite (52 sont venus du département après l’organisation, 3 sont venus d’un autre corps et 8 se sont enrôlés volontairement). Le 5e bataillon, lui, est composé de 22 officiers et 794 hommes.


Départ de l’Ain et équipement


Le 15 juin, le sous préfet de Trévoux annonce à Baude l’ordre de mouvement des Gardes Nationaux armés. Le lendemain, il s’enquiert auprès du préfet de l’Ain de l’uniforme à donner aux simples chasseurs. D’après lui, “ il serait nécessaire de désigner un mode uniforme peu coûteux semblable pour tout le département(25). Dès le 17, Baude annote la lettre du sous préfet Fréminville : “ les chasseurs ont l’uniforme ordinaire des gardes nationales. Le signe distinctif est un vert au chapeau pour les officiers. Les simples chasseurs pourraient porter une veste bleue avec collet vert et un pantalon bleu, deux épaulettes vertes(26). Ce choix fait, il en envoi un exemplaire aux sous préfets de l’Ain.

Arrivés à Besançon, les bataillons de grenadiers de la garde nationale de l'Ain reçoivent l'équipement nécessaire pour finir d'équiper les compagnies. Le 3e bataillon est le premier à percevoir du matériel. Tous les grenadiers, à qui il manque du matériel reçoivent un supplément et ceux qui n'ont rien sont équipés. Tous sont habillés uniformément : shako, capote et chemise, pantalon en toile, demi-guêtre de toile grise et une paire de chaussure. Les sous-officiers eux touchent en plus une giberne et un sabre briquet. Le 18 juin 1815, 2e bataillon de grenadiers de la Garde Nationale de l'Ain reçoit 96 paires de souliers et 2 sacs de peau. 4 jours plus tard il reçoit 100 chemises, 114 paires de guêtres grises et 62 paires de souliers.

Les perceptions d’équipements et d’habillement sont inégales et répondent aux manques à combler. Le 19 juin 1815, la 1ère compagnie du 2e bataillon de grenadiers de la Garde Nationale de l'Ain perçoit 22 paires de souliers, un sac, 33 capotes, 34 shakos et 6 gibernes avec porte-giberne. La 3e compagnie perçoit 18 paires de souliers et 6 gibernes avec portes gibernes, le 4e en reçoit 18 paires de souliers, 29 shakos, 29 capotes et 5 gibernes, la 5e 18 paires de souliers, 28 capotes, 29 shakos et 5 gibernes; la 6e 19 paires de souliers, 30 capotes, 31 shakos et 6 gibernes. Le tambour maître (attaché au petit état major) reçoit lui aussi une paire de chaussure. Le 23, le 2e bataillon de grenadiers de la Garde Nationale de l'Ain reçoit de nouveau de l'équipement : la 1ère compagnie reçoit 16 chemises, 19 paires de guêtres grises et 10 paires de chaussures. La 2e compagnie reçoit 16 chemises, 19 paires de guêtres noires, 10 paires de souliers et 1 sac de peau. La 3e compagnie reçoit 17 chemises, 19 paires de guêtres grises et 10 paires de souliers. La 4e compagnie reçoit 17 chemises, 19 paires de guêtres grises et 10 paires de souliers. La 5e touche 17 chemises, 19 paires de guêtres grises et 11 paires de souliers. La 6e compagnie touche 17 chemises, 19 paires de guêtres grises et 11 paires de chaussures. Le tambour maître, attaché à l'état major du bataillon, touche lui aussi un shako et une capote.

Le petit matériel et l'habillement ne semblent être livrés aux compagnies qu'au fur et à mesure que celles-ci s'étoffent des hommes qui arrivent au dépôt de Besançon. Ce n'est que le 20 que la 3e compagnie reçoit 29 capotes, 30 shakos et 18 souliers. Le 23, un complément d'équipement est livré aux 6 compagnies du 2e bataillon de grenadiers de la Garde Nationale de l'Ain. Si elles reçoivent de nouveau des chemises (27), des paires de souliers (28), et des demi-guêtres en toile grises (29), elles touchent aussi des pantalons de toile (30) et des capotes (31). Ce n'est que le 9 juillet que la 2e compagnie touche son équipement supplémentaire (32). Le 16 juillet, le 2e bataillon de grenadiers de la Garde Nationale de l'Ain reçoit 256 paires de souliers. Touchent-ils les distinctions propres aux grenadiers (épaulettes rouges et bordures rouge sur les shakos) ?

Alors que les combats font rage sur les frontières du pays, certaines compagnies de grenadiers de la Garde Nationale de l’Ain continuent de toucher de l’équipement, afin de pouvoir à leur tour défendre de manière héroïque la Nation. Le 20 juillet, la 1ère compagnie du 2e bataillon de grenadiers de la Garde Nationale de l'Ain reçoit 43 paires de souliers. La 2e 43, la 3e 43, la 4e 43, la 5e 42 et la 6e 42 (33).


Une fois le petit équipement perçut, les bataillons reçoivent leur armement, afin que les grenadiers correspondent au vœu émis par Napoléon dans sa lettre du 9 mai adressée à Davout (alors ministre de la Guerre) : "pourvu qu'ils aient un fusil, une capote, et une tournure militaire quelconque, cela est suffisant. Le principal est d'accroître le nombre et la force de nos bataillons" (34). Peut être par manque de moyen, seuls les sous-officiers touchent des sabres-briquets, la troupe, elle ne reçoit que des fusils avec baïonnette. Dès le 23 juin, la 4e compagnie du 2e bataillon de grenadiers reçoit un complément de 7 sabres-briquets et 17 fusils. 5 jours plus tard, ce sont les sous-officiers et les grenadiers de la 1ère, 3e, 5e et 6e compagnies qui reçoivent leurs armes (35). Les sous-officiers de la 2e compagnie ne reçoivent leurs briquets que le 7 juillet.


Les francs tireurs de 1815


Le 22 avril 1815, Napoléon prend un décret organisant dans les départements frontaliers des corps francs. Cet acte est expédié le 24 au préfet de l'Ain. Le 30 avril, Carnot et Dumas écrivent au préfet de l’Ain pour lui annoncer la création de corps francs chargés de la défense des départements frontaliers. Dans cette circulaire, ils invitent le préfet à seconder les efforts du ministre de la guerre. Le 4 mai, le préfet de l’Ain, Baude publie le décret.


Suite à la demande de commissions faite par le préfet de l’Ain, le 5 juin 1815, le général en chef Lecourbe, commandant le corps d’observation du Jura lui renvoie les trois nouvelles commissions de chefs de corps francs désirées. Ces commissions doublent le nombre de corps francs dans le département. “ J’espère qu’ils s’y rendront fort utiles (36) souligne alors Lecourbe. Mais un point de dissension se fait jour entre les deux hommes : Baude désir un commandant en chef pour centraliser l’action des corps francs dans l’Ain tandis que Lecourbe refuse cette idée, leur préférant une autonomie d’action “ sur la partie de frontière qu’ils seront chargés de défendre(37). Toutefois, Lecourbe se montre conciliant et annonce à Baude, qu’en cas d’insistance, il pourra procéder à la nomination de Teray comme chef départemental des francs tireurs de l’Ain.


Le 28 mai le ministre de la Guerre informe le préfet Baude que certains départements ont beaucoup de difficultés à trouver des armes pour leurs corps francs. Il l’invite à faire feu de tout bois, en réunissant “ tout ce que vous pourrez de fusils, de sabres de cavalerie et de pistolets (38). Les détenteurs d’armes à feu sont particulièrement visés par le ministre. Leur civisme et leur patriotisme aussi, le ministre demande à Baude de faire appelle à leur bonne volonté, ou “ tout autre moyen que vous pourriez imaginer ” (39) pour amener leurs armes à la préfecture.


Le 15 mai 1815, la préfecture de l’Ain reçoit les instructions du ministre de la guerre, du 11, sur les moyens d’assurer la défense des villes ouvertes et des villages, la défense et la démolition des ponts en campagne et le rétablissement des ponts pour le passage de l’artillerie. Ces trois sont accompagnées de plans explicatifs. Dès le 16, le préfet en remet un exemplaire à Deydier pour le porter au maire de Pont de Vaux.


Le 30 mai 1815, le lieutenant de la police générale du 8e arrondissement de l’empire, à Lyon, attire l’attention du préfet de l’Ain sur la nécessité de ne pas laisser la fraude postale et les troubleurs de l’ordre public s’exprimer. Il demande que les voituriers venant de l’étranger et devant porter des plis gouvernementaux soient surveillés pour ne pas qu’ils transportent des plis privés.


Lors des préparatifs de défense du département en avril 1815 , le préfet de l’Ain ennuyé par la présence de 60 détenus à Pierre Châtel, alors mis en état de siège. Il demande des ordres pour l’évacuation de détenus afin qu’ils ne gênent par les opérations militaires.


Combats de 1815


Les combats de 1815 dans le Jura et les Vosges, où s’illustre “ la petite guerre ”, opposent les troupes autrichiennes et coalisées contre des troupes françaises composées aussi bien de soldats, de gardes nationaux et de civils.

Le 3e bataillon des grenadiers de la Garde Nationale de l’Ain est engagé le 2 juillet 1815 aux environs de Morez et de Salines où il perd 9 hommes (blessés ou tués). Le jour même, un grenadier du 2e bataillon blessé entre à l’hôpital de Lons le Saunier, où il décède le 25. Si les bataillons de grenadiers de la Garde Nationale de l’Ain participent à ces coups de main, certains grenadiers décèdent durant le service des malheurs de la guerre : le 15 juillet, un grenadier du 1er bataillon décède d’asphyxie à l’hôpital de Besançon. Le 29 juillet, c’est un grenadier du 3e bataillon qui décède à l’hôpital de Bourg.


Bataille de Mâcon, durant laquelle un sergent originaire de la Haute Vienne est servant au 24e Régiment d'Infanterie de Ligne est fait prisonnier par les Autrichiens, le 10 juillet. Il s’évade le 28. Il deviendra plus tard professeur d’université.


Malgré un traité signé in extremis durant la nuit du 11 au 12 juillet, entre le maréchal Soult et le baron de Frimont, qui évite la bataille de Montluel, de sérieux accrochages ont lieu le 11 dans les environs de la ville entre des troupes françaises 67e Régiment d'Infanterie de Ligne et les Autrichiens, mais aussi dans les bois de Loyes entre ces derniers et le 11e Régiment d'Infanterie de Ligne. Durant ces affaires, les pertes sont peu élevées. Pour le 67e Régiment d'Infanterie de Ligne, le capitaine Jean Joseph Marie Pradal, de St Chinian dans l’Hérault, capitaine à la 4e compagnie du 1er bataillon du 67e Régiment d'Infanterie de Ligne est blessé d’un coup de feu au talon droit et décède de sa blessure le 2 septembre 1815 à l'hôpital de Lyon. Ce n'est que le 19 juillet, qu'un cultivateur retrouve, dans les bois de Loyes, le corps d'un fusilier de la 1ère compagnie du 4e bataillon du 11e Régiment d'Infanterie de Ligne, Benoît Mollon, de Chatellan, en Isère, qui est enterré le jour même à 15 heures . (40)


Chute de l’Empire et fin des bataillons de l’Ain


Le 3e Bataillon des grenadiers de la Garde Nationale de l’Ain est dissout le 23 juillet 1815, par ordre du Comte Jourdan Maréchal de France en date du 22 juillet 1815 en conformité aux ordres du Ministre de la Guerre du 17 juillet 1815. La dissolution est faite par le Lieutenant Général Delaveaux et l’Inspecteur aux Revues Colombet. Au licenciement, 15 officiers avaient démissionné, 7 restaient à congédier. 3 soldats étaient morts, 729 avaient déserté et 3 avaient été rayés. Restent 21 soldats à licencier. Sur les 21 présents, il y a : 2 sergents, 3 caporaux et 3 Grenadiers de la 1ère Compagnie et un caporal et un grenadier de la 2nde Compagnie, 5 grenadiers de la 3ième, 4 de la 4ième, 1 de la 5ième et 1 de la 6ième.


Le 14 août 1815, le conseil d'administration du 2e bataillon de grenadiers de la Garde Nationale de l'Ain, déclare qu'il n'y a pas de fusils dans le magasin du bataillon. Au 5e bataillon, sur les 688 fusils perçus à Bourg et Besançon, seuls 440 sont déposés dans les arsenaux, à la dissolution du corps le 16 août 1815. 248 étant emmenés par les déserteurs. La fin des bataillons des grenadiers volontaires de l’Ain marque dans notre département la fin de l’Empire, l’ignorance des acquis de la Révolution et la suppression des Gardes Nationaux, et du principe du soldat-citoyen, qui ne reverront le jour qu’avec Louis-Philippe en 1830.


Malgré les efforts des troupes, la bataille de Waterloo et la bonhomie des maréchaux jettent la France dans les mains des alliées et sous la coupe d’une couronne bannie. Ainsi, Louis XVIII reprend le pouvoir après son retour effectué dans les bagages des armées ennemies. Jaloux de l’affection de l’armée et de la population pour l’usurpateur et les acquis des vingt dernières années, il efface d’un coup de plume rageur vingt ans de gloire et de fastes militaires et dissolvant l’armée française.


Notes



1) Certificat du chirurgien en chef de l'hospice de Bourg pour Etienne Grobon, 28 février 1814. A.C.Bourg H5

2) Le 12 Avril 1815, Edouard Simon obtient l'autorisation de son père, pharmacien à Bourg, pour s'engager auprès du maire dans le 1er Régiment de Chasseurs à Cheval. A.C.Bourg H5.

3) Tous les militaires se présentant devant le Conseil sont tous des vétérans démobilisés en 1814. On trouve, par exemple, un dragon du 11e régiment, 1 cuirassier du 12e régiment, un fantassin du 112e Régiment d'Infanterie de Ligne, un congédié du 17e Régiment d'Infanterie de Ligne ou un ancien du 101e Régiment d'Infanterie de Ligne.

4) 42 sont réformés pour causes d'infirmités et 52 pour défaut de taille. A.D.A.série R.

5) 2 de Marboz, 1 de Dommartin, 2 de Béréziat, 1 de Confrançon, 1 de Villette, 1 de St André, 1 de St Maurice de Beynost et 1 de Moncey. Collection de l'auteur.

6) 1 de St Etienne du Bois, 1 de Miribel, 1 de Bourg, 1 de Chevrieux, 1 de St André, 1 de Villars les Dombes, 2 de Marsonnas et 1 de Dommartin. Collection de l'auteur.

7) 1 de Pérouges, 6 de Dommartin, 1 de St Etienne du Bois, 1 de St Julien, 1 de Foissiat, 1 de Bressol, 1 de Dagnieux, 1 de Bressol, 1 de Vandeins, 1 de Montluel, 2 de Villars les Dombes, 2 de St Jean sur Reyssouze, 1 de St Maurice de Beynost et 1 de Hauteville. Collection de l'auteur.

8) 3 de St Didier, 1 de la Tranclière, 3 de Marboz, 1 de Replonges, 2 de Marsonnas, 1 de Confrançon et 1 de Meximieux. Collection de l'auteur.

9) SCHNEIDER (Christian) : Répression politique sous la Terreur blanche : l'affaire savarin en 1816. Article de 16 pages, Paris, 2004.

10) Lettre de Baude au ministre de la Police Générale, 14 avril 1815. A.N. F7/8970.

11) SCHNEIDER (Christian) : Répression politique sous la Terreur blanche : l'affaire savarin en 1816. Article de 16 pages, Paris, 2004.

12) Bulletin administratif de la préfecture de l'Ain n°8, 11 Avril 1815. A.D.A série R.

13) Bulletin administratif de la préfecture de l'Ain n°8, 11 Avril 1815. A.D.A série R.

14) Bulletin administratif de la préfecture de l'Ain n°8, 11 Avril 1815. A.D.A série R.

15) Lettre de service pour la Garde d'Antoine Tachon. 5 Juin 1815. A.D.A. 99J10.

16) Lettre de service pour la Garde d'Antoine Tachon. 5 Juin 1815. A.D.A. 99J10.

17) Arrêté du préfet de l’Ain, 15 mai 1815.

18) Arrêté du préfet de l’Ain, 15 mai 1815.

19) Arrêté du préfet de l’Ain, 15 mai 1815.

20) Arrêté du préfet de l’Ain, 15 mai 1815.

21) Lettre circulaire du sous-préfet de Belley au maire de Lagnieu, 16 Mai 1815. Collection de l'auteur.

22) Lettre circulaire du sous-préfet de Belley au maire de Lagnieu, 16 Mai 1815. Collection de l'auteur.

23) Lettre circulaire du sous-préfet de Bourg au maire de Beaupont, 17 Mai 1815. Collection de l'auteur.

24) Lettre circulaire du sous-préfet de Bourg au maire de Beaupont, 17 Mai 1815. Collection de l'auteur.

25) Lettre du sous préfet de Trévoux à Baude, 16 juin 1815. A.D. AIN 4R.

26) Lettre du sous préfet de Trévoux à Baude, 16 juin 1815. A.D. AIN 4R.

27) La 1ère compagnie reçoit 16 chemises, la 3e 17, la 4e 17, la 5e 17 et la 6e 17. A.D.A.série R non classé.

28) La 1ère compagnie reçoit 10 paires de souliers, la 3e 10, la 4e 10, la 5e 11 et la 6e 11. A.D.A.série R non classé.

29) La 1ère compagnie reçoit 19 paires de guêtres, la 3e 19, la 4e 19, la 5e 19 et la 6e 19. A.D.A.série R non classé.

30) La 1ère compagnie reçoit 7 paires de pantalons, la 4e 7, la 5e 7 et la 6e 7. A.D.A.série R non classé.

31) La 1ère compagnie touche 10 capotes, la 3e 11, la 4e 11, la 5e 11 et la 6e 11. A.D.A.série R non classé.

32) 16 chemises, 10 pires de souliers, 19 paires de demi-guêtres en toile grise, 1 sac de peau et 7 paires de pantalons. A.D.A.série R non classé.

33) A.D.A.série R non classée.

34) Napoléon in Les armées de Waterloo 1815 de COPPENS (Bernard), les Planches de la Belle Alliance n°1, éditions de la Belle Alliance, 1999, 78 pages.

35) Les sous-officiers de la 1ère compagnie reçoivent 7 sabres briquets, la 3e 7 sabres-briquets et 25 fusils, la 5e 7 sabres-briquets et 22 fusils et la 6e 7 sabres-briquets, 17 fusils et 2 sabres pour le porte-drapeau et le sapeur. A.D.A.série R non classée.

36) Lettre de Lecourbe au préfet de l’Ain, 5 juin 1815. A.D. Ain 4R2.

37) Lettre de Lecourbe au préfet de l’Ain, 5 juin 1815. A.D. Ain 4R2.

38) Lettre du ministre de la Guerre au préfet de l’Ain, 28 mai 1815. A.D. Ain 4R2.

39) Lettre du ministre de la Guerre au préfet de l’Ain, 28 mai 1815. A.D. Ain 4R2.

40) Quelques jours plus tôt, un soldat du 3e Régiment d'Infanterie de Ligne, blessé, est transporté à l’hôpital de Montluel, où il décède de ses blessures, le 16 juillet.


© Jérôme Croyet.




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